samedi 18 avril 2009

La falaise Saint-Jacques 3



La réserve de biodiversité urbaine de la Falaise Saint-Jacques?

L’endroit est l’objet de toutes sortes d’attentions et de projets. La réfection de l’échangeur Turcot, les groupes de citoyens qui manifestent (avec raison) leur opposition, des développeurs de la gentrification, le super-hopital McGill tout à côté, les projets mous de la ville sur cet “écoterritoire”...et mon grain de sel. Je suis membre de la SCTV et j’ai, moi aussi, des vues sur l’endroit. Et comme les projets trouvent un écho proportionnel à leur grandeur et leur fastes dépenses voici le mien:

Du point de vue écologique, on souligne la position géographique stratégique de la falaise entre les rapides de Lachine et le mont Royal. Ce n’est pourtant qu’un étroit ruban de forêt anthropisée et en mauvaise santé. Partant de cela par contre, l’occasion est belle d’établir une réserve de biodiversité urbaine. Un “écoterritoire” qui seraient plus grand que la falaise Saint-Jacques, élargi par son complément “historique” qu’est le lac enfoui et par l'annexion de l’espace “post-industriel” de la cour de triage convertie en pré.

Afin de timidement valoriser la falaise, le site “Nature en ville” de la Ville de Montréal a publié l’énumération des espèces d’oiseaux qui la fréquentent. Cette liste est trompeuse toutefois. Ainsi, les trois dernières espèces de la liste (l’épervier de Cooper, la buse à épaulettes et la crécerelle d’Amérique) s’y trouvent grâce au milieu ouvert de la cour de triage désaffectée, pas de la falaise. Ces oiseaux de proie n’ont guère à voir avec la forêt. Les espèces emblèmes sont donc mal choisies pour un éventuel écoterritoire se limitant à la falaise...mais elles laissent entrevoir un élargissement possible de l’idée! Sans un milieu ouvert pour chasser, ces rapaces ne se trouveraient tout simplement pas là.

Et ce mileu ouvert...c’est cet endroit qualifié de honteux vu de la perspective de l’aménagement urbain: l’ancienne cour de triage ferroviaire. Cette perspective se conforme malheureusement totalement avec celle des développeurs de toutes sortes et même aux intérêts fonciers de l’administration municipale. Comme si ce n’était pas assez il y a les projets colossaux et passéistes du Ministère des Transports, entièrement dédiés à l’automobile. On fera grosso-modo le même système d’échangeurs, mais à plat sur le sol. L’espace ainsi dévoré sera aussi énorme qu’avant la réfection. Les discours sur la conservation de la biodiversité semblent se creuser plus rapidement que le lac à la Loutre...


Les rapaces (et le drôle de moineau qu’est votre humble serviteur...) ne sont pas d’accord avec cette dépréciation des terrains vagues. Le chardonneret jaune et le carouge protestent et s’ajoutent aux oiseaux observés. Sont-ils trop communs pour témoigner? La biodiversité est-elle l’assemblage de nos seules espèces préférées?

Pourquoi ne pas considérer ces espèces végétales comme porte-voix du projet: Echinops sphaerocephalus et Centaurium erythraea, elles sont aussi rares que d'autres...mais elles ne sont pas "indigènes". Et vous? L'êtes-vous?

Imaginons un instant la liste d’oiseaux (et de plantes et de mammifères, etc.) que l’on pourrait dresser avec un lac cerné d’un milieu humide à cet endroit. Une connection avec le canal Lachine nous donnerait une Petite Venise Écologique...Un tour de canoë pour voir les hérons, ça vous intéresse?

Une nouvelle catégorie de “grand parc” s’esquisse toute seule parallèlement à nos projets. La voie est montrée vers une nature urbaine “pré-adaptée”, spontanée et résiliente. Il nous est possible d’envisager cette mixité d’habitats naturels (ou presque) avec une variété morphologique propre au milieu urbain et son histoire. Une falaise-forêt surplombant un lac relié au canal Lachine, le tout au milieu de grands espaces ouverts...Et d’y laisser, sans aucune autre intervention que cette “préparation” des lieux, la nature se charger de “peupler” l’endroit. Une nature avec les humains, les humains dans la nature. Sans frontières.

La biodiversité que l’on obtiendrait ainsi ne serait déterminée que par son dynamisme et ses règles propres. En regard d’un milieu en bonne partie déterminé par les comportements humains. Ce serait la reconnaissance d’un écosystème urbain qui s’ébauche pourtant constamment à nos côtés mais auquel nous nous obstinons à nier la réalité. Les humains peinent toujours à voir leur nature...



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