vendredi 18 décembre 2009

Royal-O-Yama 1


art montagnard, un jardin sec avec feuilles mortes: un Karesansui?

Le Mont Royal, notre chère butte rocheuse, sacrée et désacralisée, saccagée, rasée, replantée... est un grand terrain de jeu. Un centre d’art et d’essai aussi. On y fait des jardins. Comment un arrangement de pierres en cercle peut-il être qualifié de jardin? C’est la faute des Japonais!

Le Sakuteiki (11e siècle) est le plus ancien traité des jardins japonais et peut-être au monde. Les premiers mots du traité: “Ishi wo taten koto” signifient “l’art de dresser des pierres”. La première des nombreuses expressions désignant un jardin au Japon montre toute l’importance du placement des pierres: prenait-on ailleurs une pierre pour l’inclure dans un jardin, on s’assurait de la placer exactement comme dans sa position d’origine. Ça doit venir du Shinto la première “religion” (dans un sens très large...) des Japonais.




Carnac druidique? île de Pâques?


Ishi wo taten koto en est venu à désigner l’acte même de faire un jardin. Sur notre montagne pendant quelque temps on pouvait voir cet arrangement stonehengien qui connaissait de jours en jour des variations. On prenait ce bloc-ci pour le mettre plutôt là, on redressait cet autre, etc. Étymologiquement puisqu’on dressait des pierres, on faisait un jardin. Un jardin de pierre en mouvement?

On peut voir dans cette curieuse carrière peu végétalisée un Shakkei. Certains jardins japonais faisait un emprunt visuel au paysage environnant, par exemple par une ouverture entre des arbres on voyait au loin, hors du jardin, une montagne que l’on empruntait de cette façon en la montrant par une “fenêtre”. Une capture d’écran... La lointaine montagne faisant maintenant partie du jardin! C’est un bon truc! Ici le cadre végétal des jeunes arbres ouvre sur le reste de la montagne: le jardin sec est élargi par cet emprunt. Un Karesansui Shakkei? (j'ignore si c'est correct en japonais!)

Pour des pierres en mouvement, voyez les photos de ce land-artist ici: Prunevieille



ériger radieusement

Le Shinto est un des systèmes de représentation du monde les plus fascinants que je connaisse. Les Kamis, des esprits des lieux en quelque sorte, logent dans certaines pierres ou habitent certains arbres. Cet animisme vit encore dans a culture japonaise comme plus discrètement la nôtre.  Autour d’un tronc, d’un rocher ou d’un lieu on met un shimenawa (une corde de fibre brute) afin de signifier cette présence sacrée. Une couronne de branche de "soul" au pied de cet arbre fera l’affaire.



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