samedi 17 avril 2010

La pollution du pollen


Jonathan Drori parle du pollen


Nos représentations associent la fleur avec le féminin. Les analogies morphologiques ou autres, aussi intéressantes qu’elles soient, peuvent être trompeuses. En fait la très grande majorité des fleurs sont hermaphrodites, avec une partie femelle et une partie mâle issues toutes deux du même individu. La fleur serait plutôt le lit, le lieu du délit. C’est d’abord la séduction des insectes qui est visée. Notre regard est néanmoins piégé.



Différents modèles de véhicules à mâles. Photo Wikipedia

Bien que mâle, le pollen n’est pas non plus le spermatozoide des végétaux. Il serait un peu plus juste de dire qu’il est l’équivalent du sperme, le véhicule des spermatozoides, mais ici aussi les analogies ont des limitations. En fait le grain de pollen est bien une machine à voyager et elle sert au transport d’une autre machinerie, double celle-ci. Le pollen porte deux noyaux, le premier végétatif et le second génératif. Le noyau végétatif sert à l’élaboration du tube pollinique qui pénétrera le stigmate puis le style jusqu’à l’ovaire et les ovules. L’analogie avec l’érection est peut-être assez juste! Le noyau génératif, lui, se divise à son tour et produit deux cellules: la première fusionne avec l’ovule et l’autre formera l’albumen, la nourriture de l’oeuf.




 À gauche pollen de camomille et d'arabidopsis. Photos http://apiculture-populaire.com/pollen.html


Un grain de pollen ce n’est pas que “mâle” (en tant que qualificatif) c’est un mâle, le substantif! Et à voir les mille formes “décorées” de l’enveloppe du pollen, ce mâle voyage à bord d’une belle voiture, d’un bateau, d’une montgolfière ou d’une fusée... on comprend peut-être mieux l’amour des mille formes de véhicules de toutes sortes qu’affectionnent les mâles... Le déplacement dans l’espace de ceux-ci est déterminante pour les espèces.


D’une certaine façon le pollen est aussi une machine à voyager dans le temps. La couche externe (l’exine) est très résistante. Le contenu est disparu (le pollen n’est plus viable) mais les détails de l’exine permettent d’identifier l’espèce qui l’a produit et de reconstituer la flore d’une région donnée. Le carottage des sédiments d’un lac permet l’analyse de la composition de la flore environnante, quelquefois loin dans le passé. Les véhicules ayant survécus aux occupants...



 photo http://www.beekeeping.com


Ce qu’on appelle la fièvre des foins est une réaction allergique au pollen de plantes (vers la fin de l’été) et d’arbres (surtout au printemps) anémophiles, c’est-à-dire des espèces dont le pollen est transporté par le vent. Ce n’est pas le cas du pissenlit à moins d’y mettre le nez et de l’aspirer. À part l’herbe à poux les Astéracées sont des espèces entomophiles, les abeilles se chargeant du transport.






Ces temps-ci, plus tôt que les années précédentes, l’air est chargé de pollen de peuplier, d’érable ou de saule. Ce sont des mâles qui s’envoient en l’air...



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