vendredi 29 janvier 2010

Épineuses questions: les haies vives

 



Une réponse politique à la pression immobilière: 10,000 arbustes et jeunes arbres plantés sur  2 km: un biocorridor urbain. Des haies d’aubépines, infranchissables pour les humains, deviennent autant de refuges pour la biodiversité. Nous avons nous aussi de ces espèces fruitières indigènes. Certaines sont pas mal adaptables. Ça pique votre curiosité? Vous croyez que les oiseaux protesteraient?





mercredi 27 janvier 2010

Verger en ville... Toulouse!





Conservation du patrimoine fruitier: des pommiers, des poiriers et des vignes. Et du même coup, enrichissement de la biodiversité. Dans un rond-point! Au total 5 vergers ont été planté par la municipalité. Ils sont fous à Toulouse!



mardi 26 janvier 2010

On veut des condos... à insectes!




On le sait Montréal a une dangereuse carence en condos.... et en biodiversité. Toulouse la rose... aime bien les insectes! Et les chauve-souris... Alors ils ont fait des condos. Ça ne coûte pas toujours cher d’enrichir la biodiversité! Moi j’aime bien Toulouse!



lundi 25 janvier 2010

New Ferry Butterfly Park


Hilary Ash faisant son appel à la population


Ça se passe dans le Cheshire au Nord-Ouest de l’Angleterre (d’où vient le chat de Lewis Carroll). C’est l’histoire d’une réserve naturelle gérée par des bénévoles et menacée de fermeture. En plein milieu urbain, accessible par les transports en commun, à distance de marche de 2000 écoliers dans un quartier avec peu de milieu naturel. Le bail de location datant de 1993 prendra fin, le nouveau propriétaire a des projets et veut reprendre l’endroit avant la fin du mois.


Polygonia c-album, comma butterfly, Robert-le-Diable. Wiki photo: Maedin Tureaud


Une pétition a été lancé: 3500 signatures... La mairie a donc procédé à l’expropriation le 14 janvier afin de préserver l’endroit de la fermeture. La justification: la décision a été prise sur des bases environnementales et sociales!  Ce coin de nature abrite près de 400 espèces de papillons, araignées, plantes (y compris deux espèces d’orchidées), etc. Quand tout sera légalement réglé la mairie vendra ou louera l’endroit au Cheshire Wildlife Trust qui veillera à la réserve et sa gestion par la communauté locale: le Wirral Wildlife. Le Butterfly Park compte sur 35 volontaires qui s’occupent de l’entretien de la gestion et des activités pédagogiques.



Primula veris, cowslip, primevère officinale. Photo Hilary Ash

Quel est donc ce milieu naturel et ce paradis des papillons (ah! les Anglais!)? Du début du 20e siècle jusqu’aux années 70 l’endroit était une cour de voie ferrée, un lieu d’entreposage de charbon, une usine de traitement de l’eau, une fabrique-à-brique, etc. Cela vous rappelle quelque chose?

Un terrain sans valeur a été converti en un riche réserve de biodiversité urbaine par des bénévoles. À ceux qui sourcillent ou s’amusent (il doit bien y en avoir!) quand je parle de RéBU (réserve de biodiversité urbaine): vous avez raison, mon idée n’est pas originale du tout... et elle est même assez ancienne. Et elle s’incarne assez brillamment dans la Cheshire!

Trouvez les détails ici: Wirral Wildlife


mercredi 20 janvier 2010

L’increvable mouron des oiseaux


un bac de fleurs sur la rue Duluth à Montréal

Ces jours-ci il fait encore plus chaud que la normale, avec un peu de soleil. Cette colonie de mouron des oiseaux (Stellaria media, common chickweed, p.176) est tout près de chez moi.



quelques samares de frêne, des mégots de cigarettes et toute sorte de détritus

Il m’est très commode de vérifier comment se portent les éternelles. La neige a fondue et les plantes sont vertes et poussent dans la neige. En fait il y a même des boutons! S’il fait soleil encore demain et vendredi elle sera probablement en fleur.




quel increvable champion ce mouron

Les paris sont ouverts: la Stellaria sera-t-elle la première plante à fleurir en 2010? En Janvier? Il faudra peut-être se rendre à l’évidence: elle fleurit tout l’année! Quelle géante!


lisez: Elle était en fleur en novembre sous les premières neiges




La route du miel

 
deux plantes mellifères urbaines: mélilot blanc et vesce jargeau


En France ce printemps des espèces végétales mellifères seront semées sur plus de 250 km d’accotements routiers afin d’offrir aux abeilles de nouvelles ressources florales. Plus tard, l’objectif est d’étendre la pratique sur une bonne partie du réseau routier national (environ 12.000 km).


Des «jachères apicoles», qui consistent pour les agriculteurs à planter des fleurs sur les terrains en jachère, se sont développées en France (actuellement 1.500 hectares) mais rien n’avait encore été fait sur le bord des routes.


Trouvez toute l’information sur le site Réseau Biodiversité pour les Abeilles

Une route des abeilles pour le Plateau Mont-Royal? Une idée pour les terrains vagues?

Merci à SecretGarden* pour l’info



dimanche 17 janvier 2010

N'attrape-plante


En anglais on dit "January thaw",  le dégel de janvier. Dommage qu'il n'y ait pas d'expression consacrée en français. Et la neige fond un peu partout. Y compris dans mon attrape-plante.



La potentille (à gauche) profite d'un peu de lumière et de chaleur. La luzerne lupuline (à droite) aussi. Ces deux espèces ont gardé des feuilles vertes. On dit que c'est la couleur de l'espoir. Au centre du photomontage: la raison habituelle (et résiduelle...) du désespoir.

Vous ai-je dit que je n'ai pas une très grande affinité pour l'hiver?

samedi 16 janvier 2010

Les messicoles et un néologisme: novécologie


Se souvenir du coquelicot (Papaver rhoeas).  Photo  Nicolas Maillard

Dans les champs partout et particulièrement en Europe les techniques d’agriculture moderne provoquent l’extirpation d’un groupe de plantes nommées “messicoles”. Les “plantes habitant les moissons” sont cette flore spontanée, ces “plantes cultivées par mégarde” autrefois tolérées, qui vivent avec les céréales cultivés. Elles suivent les humains et l’agriculture depuis 10,000 ans. Fruits d’adaptations aux comportements humains elles ont caractérisé le paysage agricole et sont la base d’une biodiversité influant aussi le milieu urbain.

Il faut noter qu’il n’y a pas que dans le cadre de l’origine et de la propagation de l’agriculture qu’une flore anthropique puisse se développer. Durant la préhistoire, ici et partout où il y a des humains, l’influence des chasseurs-cueilleurs, bien que souvent ténue, est perceptible. Le rapport entre les humains et les végétaux remontent en effet loin dans le temps et laissent toujours des traces. Ces rapports ne sont après tout pas très différent de ceux des plantes avec les autres animaux: une co-évolution.



Centaurea cyanus  appellé Bleuet en France


La flore messicole est donc assez ancienne pour être bien caractérisée. C’est que cette biodiversité anthropique du champ cultivé, composée de plantes d’origines géographique  diverses mérite une attention spéciale. Et on a l’idée de la protéger. L’écologie de la flore messicole (comme de toutes les flores des milieux humains) est en quelque sorte un patrimoine vivant, une biodiversité résultante et interactive qui peut être aussi riche que l’intérêt que nous lui portons. C’est un un artefact naturel...et fonctionnel!

La flore messicole s’est constitué en accord avec et en réponse à de longs processus historiques. Elle en est venu à signifier un paysage agricole ou de campagne: les peintres (surtout les impressionnistes) en témoignent. Avec cette flore une écologie s’est mise en place. On l’oublie mais c’était à l’époque une nouvelle écologie, une novécologie (permettez mon néologisme!).  Aujourd’hui avec la double accélération du mouvement des marchandises par la mondialisation et des changements climatiques nous sommes témoins de l’arrivée d’autres nouvelles flores et de l’apparition d’autres novécologies. Ces flores qui nous suivent à la trace, dans nos traces... Soyons à l’écoute.

Devant le possible nous sommes tenus.

Pour plus d’information sur les messicoles:

Allez surtout voir le site de la Garance Voyageuse (association et revue comme on rêve d’en avoir ici) et cette section qui porte sur les messicoles

et un Wiki

mercredi 13 janvier 2010

L’Empire des légumes...


les enfants sous les feuilles de chou

... et une véritable dynastie de graveurs! Avec 4 ou 5 générations qui le précèdent et ses frères et soeur, Pierre-Amédée Varin (1818-1883) est un illustrateur-graveur français. Les gravures ci-haut sont tirées de Drôleries végétales ou l’Empire des légumes. Il a aussi fait des gravures à partir de dessins du célèbre Grandville (1803-1847).




Cucurbitus Premier et l’Asperge hâtive


Ce dernier a été l’illustrateur de Balzac et des Scènes de la vie privée et publique des animaux. Cette vogue d’images anthropomorphiques des animaux (avec des titres si singuliers: Peines de coeur d'une chatte anglaise, Éducation d'une chatte française, etc.) a été suivi par celle des végétaux.




pardonnes-moi Arcimboldo de te recadrer...


Curieusement les illustrations de l’Empire des légumes ont été réutilisées dans un livre de recettes italiennes à New York au au milieu du 20e siècle. L’insondable allégorie végétale devient apéritif potager... de même j’ai déjà vu des sous-verres reproduisant des tableaux d’Arcimboldo. C’est assez navet!




mardi 12 janvier 2010

Nous sommes tous des OGM


effeuillage et offrandes

La peur du mélange m’a toujours semblé suspecte et assez incongrue, nous sommes après tout une espèce sexuée et cette différence est la base même de notre variabilité, adaptabilité et inventivité. Les humains sont les mélangeurs par excellence. Ces facultés effraient et sont souvent condamnées par prudence ou conservatisme frileux.

Nous gardons cette forte démarcation hiérarchique entre les ordres du vivant et un animal est maintenu distinct et supérieur à un végétal par exemple. Nous confondons le monde végétal avec la sécurité qu’il représente ou nos fausses idées sur sa passivité ou sa simplicité. Nous semblons croire que le vert c’est la paix et l’harmonie. Voilà peut-être la base de notre perception que le “vert c’est mieux”.



Elysia chlorotica, une limace se fait feuille

Peut-on être à la fois pierre et vent? Il y a bien le sable qui se lève en tempête! Mais que penser d’une chose vivante qui est à la fois animale et végétale? Voici donc ce monstre, cette chimère: une limace à l’énergie solaire! Il y a bien des plantes carnivores... et des champignons qui attrapent des vers au lasso... Maintenant nous avons cet animal qui a des chloroplastes* dans son corps!

La limace marine Elysia chlorotica ne digèrent pas complètement l’algue dont elle se nourrit mais accumule ses chloroplastes*. Elle devient alors un animal photosynthétique en prenant étrangement une forme de feuille. C’est une endosymbiose, une symbiose “interne” dans ses cellules. Comme un martien qui cohabite dans la maison! La limace modifiée est une nouvelle symbiose en phase de recherche et développement.



d'après les photos "green people" de Ahmad Nadalian

Il y a les transferts sexués de gènes, comme les transferts verticaux à notre descendance lors de notre reproduction. Il y a aussi des transferts horizontaux chez les bactéries qui savent spécialement bien le faire. Elles n’ont pas d’échange sexuel: elles échangent des gènes avec le voisin, comme on prête un bon outil. La limace a justement des gènes d’algue... elle est déjà autre chose grâce à un échange génétique horizontal. Une étrange ingénierie.

Les anti-OGM ont raison: un transfert horizontal de gènes par l’alimentation est possible... du moins c’est ce qui s’est passé avec notre drôle de bi-créature. Mais ils ont tort aussi: ce n’est pas nouveau... c’est même fondamentalement l’origine de presque tout. Nous sommes tous de très étranges créatures, nous sommes tous des OGM de fait.

* chloroplastes: petit organe dans les cellules végétales servant à capter la lumière




lundi 11 janvier 2010

Catastrophe, mon amour!


d’après le livre “The world without us” de Alan Weisman

Voici donc une idée de ce qui arriverait si l’humain disparaissait instantanément. La nature reprendrait ses droits. Mais au-delà de cette vision péri-catastrophique nous sommes mis en présence du potentiel de la biodiversité urbaine. Ce qui est montré ici comme une menace permanente nécessitant un entretien constant de nos habitations et infrastructures est paradoxalement ce sur quoi nous pouvons justement compter afin de mitiger un peu les effets néfastes du milieu urbain sur notre santé. Nous n’avons qu’à penser au rôle de régulateur de la température de la flore urbaine (arbres et autres plantes). Il en va de notre intérêt et de notre santé de faire une place généreuse à la biodiversité urbaine. Pour les alarmistes cela réduirait d’autant les risques de catastrophes environnementales...



entrevue sur le High Line à New York alors que l’endroit était encore sauvage!
 

La proposition de Weisman s’inverse donc et c’est alors une démonstration du riche potentiel de la biodiversité urbaine. L’alarmisme/catastrophisme environnemental ne m’a jamais semblé le meilleur moyen d’approcher des solutions. On les imagine alors extraordinairement complexes. Elles sont probablement plutôt simples et discrètes. Le gros du travail est bien souvent (comme toujours...) celui à faire sur nos représentations. Elle est où la nature en ville? Un coup de pioche et on retire un bout de béton ici: “la voilà la nature: attendez un peu que le vent ou l’oiseau fassent leur travail!" On peut même les aider et faire un peu de plantation. En équipe, quoi!

Les processus biologiques et la biodiversité urbains sont les meilleures alliés que nous ayons pour améliorer notre milieu de vie. Faire avec ces “machineries” efficaces et ces espèces adaptées en “attente” est tout à fait naturel...

Merci à Henri Lessard de m’avoir rappellé le livre d’Alan Weisman.



vendredi 8 janvier 2010

Une vague connaissance


Je ne connais pas Caroline Cloutier, enfin je ne le crois pas. Qu’elle me pardonne si on s’est en fait déjà rencontré! C’est une jeune artiste visuel de Montréal. De l’organique au mathématique, la pluridisciplinaire laisse sa trace de mille façons.

J’ai bien aimé ses «signets publics» discrètement insérés dans des livres à la Bibliothèque Nationale du Québec comme des hyperliens matériaux menant vers le livre “Droit, territoires et gouvernance des peuples autochtones”. Ses sculptures “Exuvies” aussi: en cire avec des filasses.




Elle a photographié ce terrain vague que je connais bien. J’ai photographié ce même terrain vague pour mon prochain livre: le voici ci-haut.


Trouvez son blogue et voyez son travail ici: Carnet d’essais



jeudi 7 janvier 2010

Champs de batailles

 
  Plaine d’Abraham, champ commémoratif dans la vieille capitale 


La catégorie "champs" contient deux milieux anthropiques (milieux modifiés par les humains): l’un par l’agriculture et l’autre, plus discrètement, par la guerre. Et il arrive que le champ du fermier et le champ du général soient le même.





Waterloo “le champ de bataille, trempé de pluie et de sang, pétri avec la moisson de seigle et de maïs”

Les champs de batailles sont les terrains vagues de l’histoire, engraissés par des sans-noms et quelquefois voués à l’effacement par un Wal-Mart qui prend le dessus sur un hypothétique devoir de mémoire! Mais bien plus souvent ce maudit champ est sujet d’oubli forçé: nous avons culturellement de fortes injonctions d’amnésie devant les sales histoires de la guerre... Il y a bien quelques parcs commémoratifs mais le plus souvent ces lieux doivent céder devant de nouveaux impératifs puissants: développement immobilier, terrains de golf, champs d’éoliennes... Le plus souvent le champ de bataille est redevenu ce qu’il était: un champ cultivé.




Antietam: ce fossé (un chemin en fait) a déjà été plein d’engraisseurs conscrits

Le champ de bataille et le champ de l’agriculteur, milieux anthropiques de premier niveau: fait de sang, de sueur et d’huile de bras. Et alors, n’est-ce pas? L’agriculteur mérite la plupart du temps à peine plus notre attention que le soldat.



les urbains ont maintenant une vue sur le champ

Curieusement en parallèle avec l’amnésie empressée de notre regard sur le champ du soldat   inconnu, le champ cultivé redevient un champ de bataille. Des batailles d’un nouvel ordre et bien de notre temps. En Europe où il y a eu des millions de conscrits fauchés dans un champ ou un autre il y a maintenant des faucheurs volontaires d’OGM.



campagne en campagne

Les batailles ont bien changées, les héros aussi! Dans cette Guerre Civile entre le citoyen urbain inquiet de sa santé et l’industrie contre-nature ils donnent maintenant l’assault... sur le champs de l’agriculteur. C’est une autre forme de l’expansion urbaine: une banlieusardise “civilisatrice”, une hargne bucolique à la portée de toutes les bourses.




mercredi 6 janvier 2010

Divertimento

mardi 5 janvier 2010

Aux champs fertiles!


les carottes de Gettysburg

De recherche Google en recherche Google, avec des mots clés comme “friche” ou “champs” passant par glissement et déclinaison sur “champs d’honneur” je tombe sur quelques images intéressantes. D’autres sortes de champs. Des champs que l’on ne veux pas voir. Des champs bien engraissés pourtant!



le jardinier malgré lui


Les bucoliques noms de lieux de Gettysburg: depuis Wheatfield (champ de blé) et Peach Orchard (verger de pêches) vers le Plum Run (ruisseau des Prunes). Nous irons ensuite vers Cemetery Ridge (cimetière de la crête) ou le Devil's Dan (rocher du Diable)...Tous les charmes de la toponymie. Que de beaux dimanches à la campagne!

Il y a beaucoup de ces champs...peut-être vous en montrerais-je d’autres?