samedi 24 juillet 2010

Mon champ d’études




Une douce et lente ruination des lieux, poteau par poteau...

Je suis venu ici jeudi en compagnie de Charles L’Heureux. J’y suis revenu vendredi... et je reviendrai encore quelque fois... un superbe immense terrain vague! Avec des ruines. Le bonheur! Et quelle lumière. Je flotte encore.





C’est toujours un grand plaisir de croiser la petite, très petite centaurée Centaurium erythraea, décrite et nommée en 1800 par le polymathe Rafinesque (il parlait le latin à 12 ans...). À droite une des raisons officielles de cette visite des lieux: Apocynum cannabinum, une plante dont toute une série de billets suffirait à peine afin de vous en parler. Cet automne? L’espèce fait partie des plantes que je considère introduire au Champ des Possibles. Elle a de nombreuses relations écologiques intéressantes. Elle ne paye pas de mine... mais cela dépend du regard...





Limenitis archippus, le vice-roi (viceroy butterfly). Pas tout à fait monarque donc... Les bandes noires diagonales traversant les ailes postérieures le distinguent du monarque. Très coopératif pour la photo. J'ai eu tout le loisir de le photographier sous tous les angles.





Je ne dois pas oublier de vous dire un mot sur le tyran tritri, Tyrannus tyrannus (eastern kingbird), nom latin assez parlant et facile à retenir, non? Jeudi ils étaient quelques-uns à chasser de leur espace vital un faucon émirillon (?). Vendredi ils s’y sont mis à dix! La photo n’est pas terrible... je suis pas photographe de Formule Un! Curieusement plus au sud ils n’embêtent pas les nombreuses hirondelles bicolores (et une autre espèce d’hirondelle). Comme si une entente était convenue ici. Il y avait aussi des merles d'Amérique, des vachers, des carouges, etc. Pas mal du tout pour les oiseaux. Une lectrice du blogue y a même aperçu l'hibou des marais!





L’appréciation des ruines se perd, les humains pressés veulent voir la conclusion au plus vite. Ce n’est plus le (trop) lent film dont nous sommes les spectateurs, c’est le générique tout de suite que nous voulons. C’est pour ça qu’on envoie des équipes de détournage-démolisseuses.





De ces ruines l’Architecte Général (c’est-à-dire personne...) a fait de magnifiques jardins d’eau. J’en ai fait toute une (deux en fait deux) série de photos. Mais je les garde. Vous savez c’est pour mon prochain livre,  mon Précis des Terrains Vagues. 








L'appréciation des ruines est un mème en voie de disparition. Si vous n’avez pas ce mot dans votre vocabulaire: mème

 



Amour des terrains vagues et des ruines. Photographe sensible aux nuages et à la belle lumière, documentation de la biodiversité urbaine et recherche sur les espèces à introduire dans les Réserves de Biodiversité Urbaines. Mon champ d'études me comble et me tient occupé... De ces lieux je pourrais vous entretenir sur cent pages. Je le ferai. Mais pas maintenant. Je suis en vacances! Je quitte le champ pour y revenir. Comment faire autrement?


samedi 17 juillet 2010

L’inspecteur a pris le champ



L’appel irrésistible de la voie ferrée a eu raison de moi. Ce ne sont pas vraiment des vacances que je prendrai mais la route. J’irai occuper des terrains vagues et marcher un peu. D’abord à cet endroit ci-haut, puis... J'aurai une occupation de moins: le blogue Flora Urbana. C’est du boulot vous savez... Combien de temps durera mon absence ici? Aucune idée! Je doute que je ne me laisserai pas tenter de faire un petit bonjour à l’occasion mais brièvement... vous savez? Comme ce matin.

Je ferai le plein d’images et d’anecdotes. Je vous raconterai ma recherche du coléoptère Chrysochus auratus, le chrysomèle de l’apocyn, aperçu il y a quelques années près de cette voie ferrée sur des apocyn évidemment. Et bien d’autres sujets! Rendu au bout du chemin je ferai la seule chose qu’on peut alors faire: revenir et vous rendre compte. Lecteurs: dans quelques semaines, d’accord? Je prends mes vacances de la déconstruction.

Bon juillet!

mercredi 14 juillet 2010

L’inpecteur est occupé dans un champ


Bleu chicorée, blanc carotte et jaune tanaisie: les couleurs du Possible

Non, je suis pas en grève ou en panne de sujet, vous vous doutez bien que j’ai à l’occasion d’autre herbachat à fouetter! Hier c’était une rencontre avec les gens de Cataléthique, “lieu de diffusion et d’échange des meilleures pratiques d’affaires en responsabilité sociale et en développement durable”. Les quatre garçons du comité du Champ des Possibles (Marke, Owen, Fred et moi) avons présenté notre projet pour ce terrain vague.

Mais la pluie a abrégé la visite sur les lieux et c’est dans une salle chez Ubisoft (membre de Cataléthique et voisin du Champ) que nous avons poursuivi la présentation. Je n’ai pas de photo! Une bonne salle de 40 ou 50 personnes et ensuite le plaisir de discuter avec quelques-unes.

Merci à Chloé Dodinot et Jean-Philippe Boutin de Cataléthique pour l’invitation.



Lecteur, encore un effort: que dit ce sémaphore?


Et j’attends que quelqu’un réponde à cette question posée il y a quelque jour: que dit ce sémaphore? J’aime bien tous mes lecteurs mais ne le prenez pas personnel comme on dit: c’est le signal du mâle à la femelle de Euaresta bella, la petite mouche à fruit qui dépend de l’herbapoux. Lecteurs, à vos moteurs de recherche! Décodez-moi ça! Aucun prix à gagner sauf mon plaisir à avoir des nouvelles des lecteurs.

Trouvez le billet complet ici: Tous au Champ des Possibles!

 À bientôt!



vendredi 9 juillet 2010

Priez Saint-Joseph des pétunias!


Où sommes-nous? Coin Saint-Joseph et Saint-Denis à Montréal

Les belles fleurs? Où ça? Sur le boulevard Saint-Joseph. Pourtant ce terre-plein herbeux et fleuri ne se distingue pas facilement d’un terrain vague. Toutes les espèces qu’on y trouve (à part le semis...) se trouvent aussi dans les zones malfamées: chou-gras (Chenopodium album), amaranthe (Amaranthus hybridus), renouée (Persicaria maculosa), etc. Oh! j’oubliais l’herbapoux! Un terrain vague est justement un mélange biogéographique d’espèces y compris des échappées de jardin et, occasionnellement, des plantations citoyennes. Un terrain vague est en plus un mélange de processus biologiques spontanés et d’intentions humaines. Tout comme ce terre-plein. Le non-soin en milieu urbain est aussi une intention mais dont le but peut varier toutefois!



Comment soigner différemment une négligence fleurie?

Comment reconnaît-on une belle fleur à planter: ça vient dans un sachet et c’est écrit dessus! La cousine sauvage de ces fleurs sur la première photo, le linaire vulgaire, une rude vivace des trottoirs aurait bien fait le travail de verdir en haute couleur ce terre-plein. De plus le linaire vulgaire est très généreux en nectar: il faut voir les grosses abeilles du genre Bombus s’y plonger la tête avec soif!  Mais comme il se nomme “vulgaire” et qu’il a la mauvause étiquette (mauvaise herbe) il est exclu du catalogue ou du sachet  “pré fleuri”. Nos représentation de ce qu’il convient de planter dans un contexte donné sont très étranges.




Mélange spontané de mauvaises herbes se mélangeant à un mélange ordonné de pré fleuri avec cette messicole: la centaurée bleuet rencontre l'herbapoux.


Y aura-t-il une corvée herbapoux*? Les services des parcs considèrent la chose obligatoire au Champ des Possibles par exemple. Et sur ce terre-plein appartenant à la ville? Mais voilà le  traitement ordinaire de ce problème est le coup de la tondeuse. Prions Saint-Joseph qu’ils y allent moins radicalement. En fait c’est probablement plus économique de le faire à la main en quelques instants que de déplacer une armada de véhicules et d’employés... mais qui suis-je donc pour suggérer de la mesure en la matière? Imagine-t-on des employés à vélo s’occupant de ces tâches légères? Voyons-donc... dans la ville du Bixi... quelle drôle d’idée!




Les linaires semés sont-ils plus beaux que le linaire vulgairement (à droite) plein de nectar?


Je ne sais pas qui est responsable du semis: Daniel Sanger à l’arrondissement s'interroge aussi. Est-ce un citoyen exemplaire qui s’est procuré un sachet de “plantes sauvages” puis a fait du Guerilla Gardening? Ce sont peut-être les services d’horticulture même qui ont fait preuve d’imagination et d’initiative? Il n’en demeure pas moins que le petit ruban vert et fleuri se voit et est apprécié: on m’en a déjà fait trois fois la remarque. Mais Saint-Joseph est un boulevard et l’image d’un boulevard ne souffre ordinairement pas pareille extravagance. On verra ce que réserve l’avenir!


*Vous avez remarqué mon orthographe simplifiée, non? Je propose aussi herbapuce pour le pénible “herbe à la puce” (Toxicodendron radicans). Qu’on se tienne pour prévenu!




mercredi 7 juillet 2010

Ni pile ni face


Le voilà le Papilio polyxenes, le papillon du céleri. J’ai écrit quelque part que c’est un mâle, pas du tout c’est une femelle avec ces taches bleues. La chenille avait mangé avec méthode de grande quantité de  carvi et d’aneth. Puis presque deux semaines de rêve en sarcophage, dans une autre sorte de sommeil paradoxal: qu’est-ce qui dort là-dedans? Une chenille en dissolution ou un papillon en préparation? Ni pile ni face! Un état ambiguë et néanmoins vivant! Voilà peut-être pourquoi j’étais étonné de voir et sentir cette “chose” entre deux mondes réagir en bougeant quand je la touchais. Quelques tortillements assez lents, pas un vibrato de haute fréquence et soutenu comme le vulcain sait le faire! Ça vit donc entre deux mondes?





Le papillon du céleri sera transporté au Champ du Possible avec un autre: hier matin un vulcain est entré chez moi et je l’ai attrapé. Une guêpe et un autre truc aussi, mais ça il en rentre (avec des abeilles) à tous les jours. Les portes sont grandes ouvertes et mon appartement est un véritable attrape-insectes... Et si le vulcain était celui qui s’est métamorphosé ici après que je l’ai élevé? Les papillons ont un odorat remarquable et peut-être comme les saumons sont-ils capables de remonter vers le lieu de métamorphose? Peut-être est-il resté aux alentours et s’est amusé de moi: il y a quelques jours je l’avais relâché par l’arrière et il est revenu par l’avant.

Quelle partie de l’ortie lui donne-t-il ce sens de l’amusement?



lundi 5 juillet 2010

Le jour “J” de la corvée...


Le Champ des Possibles ressemble à un vrai champ.

...ou l’accord “V”... comme victoire... euh bon d’accord... C’était la plus belle journée de l’été et douze personnes sont venues contrôler l’herbe à poux au Champ des Possibles. Comme je le disais il n’y avait pas d’infestation problématique. La méthode choisie était la plus adaptée à la situation: manu-manu, à quatre pattes! C’est quand même un beau boulot! Merci à tous du bon coup de main.




C’est pas un chapeau c’est un bouquet, une plate-bande, un jardin botanique! 

Sur la page Facebook des Amis du Champ des Possibles j’avais annoncé le tirage d’un prix de présence pour les participants à la corvée. Pour procéder au tirage (une magnifique planche botanique d’un photographe en herbe) des numéros ont été mis dans le jardin-chapeau et le numéro 7 a été pigé par Owen: la gagnante est Geneviève la propriétaire du jardin de tête! On a suggéré qu’il y avait un double-fond dans le couvre chef fleuri. Une enquête de la Régie des Loteries et Courses est en cours.


Depuis la gauche: André (lui aussi avec un chapeau pas mal du tout!), Geneviève, Thierry, Lorraine, Owen, Sara et Rachelle. Il y avait aussi l’apicultrice Kathryn, Suzanne, Jeanne, Diane et quelques autres. Pardonnez tout oubli!



On a évité la tondeuse! Tournoie, tournoie, tournoie herbe folle! Étourdie!



Il n’y a rien à voir ici. Même cette nouvelle espèce pour le champ n’est pas là!

Merci encore à tout le monde d'être venu par une si belle journée vous pencher sur le petit problème de l'herbe à poux. Ce fût un plaisir de vous rencontrer.

Vous avez une page Facebook? Joignez-vous ici à la page des Amis du Champ des Possibles



vendredi 2 juillet 2010

Herbe à poux et autres dangers


Le danger danger  dans la verd’herbe: tout va bien...

Jeudi après-midi, inspection du Champ des Possibles, but: évaluation du problème urgent de santé publique que représente l’herbe à poux. Résultat: je me suis fait mouillé par la pluie! Parce qu’à part cela, sur une échelle de 1 à10, l’infestation crainte et présumée se mérite le niveau 1. Les plantes peu nombreuses sont en colonies très bien localisées et méritent à peine qu’on s’en occupe. Essentiellement les plantes se trouvent le long des sentiers. Dans les grands espaces végétalisés il n’y en a pas pour ainsi dire. La plante n’est pas une bonne compétitrice. 




Daucus carota: ma bonne carotte! Quelle taille elle atteint cet été!

C’est donc un non-problème. Mais on s’en occupera! C’est l’entente que l’on a avec l’arrondissement. Une intervention pour la forme en somme, afin d’éviter les redoutables tondeuses de la biodiversité et des aspirations citoyennes. L’appréhension générale du danger d’un terrain vague induit toutes sortes de comportements. Pour remédier au désordre des herbes folles tous les prétextes sont bons: aujourd’hui ce sont les impératifs de la santé publique et demain ce seront les impératifs de la sécurité: on fauche le champ parce qu’on a peur... Les représentations sociales comme frein à la biodiversité urbaine! Vous me suivez? Samedi nous serons quelques volontaires à faire acte de présence et arracherons quelques plants pour la bonne mesure, les bonnes moeurs, etc. Venez quand même nous rencontrer et démontrer ainsi votre appui au projet du Champ des Possibles!




Les hémérocalles plantés il y a quelques années par Vincent le jardinier illicite sont en fleur.


Plus sérieusement maintenant: après le Guerilla Gardening, phénomène de plantation illicite dans les espaces urbains, faut-il maintenant saluer l’arrivée du Guerilla De-Gardening? Cet autre phénomène est le retrait illicite de plantes en milieu urbain. La semaine dernière, lors d’une visite avec un architecte et d’autres membres du Champ des Possibles, j’avais montré la très rare forme blanche de la vipérine (Echium vulgare). Cet après-midi elle n’y était plus! En m’approchant j’ai constaté ce que je craignais: quelqu’un l’a déterré et l’a apporté. Assez déplorable... pour information aux De-Gardener: les plantes produisent des graines... vous savez ces petits machins magiques, faciles à récolter, à mettre dans la poche et à planter ailleurs, illicitement...




Mais où est passé la vipérine blanche?

Donc, samedi on se réunit pour enlever une plante problématique absente... en attendant de faire face à la peur du loup se cachant dans les buissons. Pendant ce temps un comportement peu éclairé fait disparaître une rareté...