mardi 15 février 2011

Kolbe en Arcadie


L'artiste allemand Carl Wilhelm Kolbe* (1759-1835) est connu pour ses eaux-fortes, quelquefois retouchées au burin. Le meilleur graveur de son époque en Allemagne est une fin de lignée en quelque sorte: la gravure allait bientôt céder la place dans les goûts… la lithographie et peut-être aussi la photographie ont quelque chose à voir avec ça…




Son travail est donc un chant du cygne de ces techniques de gravure difficiles et lentes. Kolbe est-il un romantico-fantastique ou un naturaliste marchant jusqu'à la frontière du rêve? C'est bien vers d'étranges régions qu'il nous entraîne.



Ses gravures sont de plusieurs façons. Observateur minutieux, Kolbe, le promeneur des forêts, nous dessine des scènes peuplées d'espèces reconnaissables et nous montrent les arbres avec une échelle humaine quelquefois instable. Mais Kolbe, l'amateur d'étrangeté, hallucine aussi une quasi-animalité des tilleuls, des saules et des chênes.


 

Et il s'amuse et joue aussi quelquefois de l'échelle des humains et des autres choses, grands et petits végétaux incertains. Pour faire bonne démesure Kolbe fait aussi dans les fantasmagories ou le passé idéal de l'Arcadie. À bien regarder ces gravures tout y trop grand, trop petit… trop tard, trop vrai. Inclassable Kolbe!




Dans ces paysages à la composition discrètement savante nous glissons d'un monde de rêve à un monde naturel et nous passons d'une échelle à une autre. Presque sans s'en rendre compte. Le pissenlit est aussi grand qu'une vache, une herbe lui fait de l'ombre.




De curieux jeux d’échelle où les humains sont ici lilliputiens et là les plantes aussi grandes que les arbres. Voyageurs dans le temps ou dans les autres dimensions, indistinctement,  les humains entrent et se dissolvent le paysage.

*Ne pas confondre: Carl Wilhelm Kolbe der Ältere: l'aîné et le père et Carl Wilhelm Kolbe der Jüngere: le jeune et le fils...

Delphine chez Paradis Express a aussi des reproductions: ici Kolbe

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