dimanche 28 août 2011

Petit dinosaure



Illustration modifiée par ma cervelle d'oiseau...


Les matins sont toujours occupés : lecture des fils RSS, Twitter, Facebook, Google +, et courriels… Beaucoup d'informations se croisent dans ma petite tête et certaines coïncidences sont intéressantes.


 Daemonosaurus chauliodus. Illustration: Jeffrey Mart. 


Jean-François Noulin publie sur son blog un clip de colibris* qui semble s'amuser dans les derniers moments d'été (pour eux) par ici. Puis cette nouvelle d'une nouvelle espèce de Thérapode, Daemonosaurus chauliodus. La branche des Thérapodes, des dinosaures, inclue les oiseaux… et notre colibri est en continuité avec les Tyrannosaures, Allosaures et autres tétrapodes, souvent un peu trop gros pour nous bourdonner autour de la tête.



 Quelques gros colibris... Source  de l'image Wiki 



Le colibri est un thérapode très léger…



*Jeux d'enfants

Trouvez ici en libre accès la publication originale (libre accès, c'est si bon…) :
A late-surviving basal theropod


samedi 27 août 2011

Le frère de la rose, Sorbus alnifolia



Sorbus alnifolia, j'essaierai de trouver les fruits mûrs un peu plus tard dans la saison.


Les espèces de la famille des Rosacées ne sont pas toujours faciles à identifier. De nombreux hybrides, naturels (chez les aubépines) ou artificiels, des millier de cultivars (les pommes) rendent souvent la tâche difficile. Ainsi j'ai toujours trouvé les sorbiers (le genre Sorbus) difficiles à distinguer. Et aussi dans ce genre c'est la présence d'assez nombreux hybrides mêlant les caractères qui  donnent du fil à retordre.



Un grand et un petit sorbier à son pied, les deux feuillages se côtoyant.

La première fois que j'ai vu cet arbre je ne pouvais me résoudre à le dire "frère de la rose", pourtant… Tous les indices y étaient (les restes de la fleur) mais trouver la famille c'est facile, assigner le spécimen à un genre, c'est une autre paire de poires (!). 



Des feuilles de sorbiers atypiques pour un Nord-américain...


Trouver l'espèce, ça mérite un billet de blog! Enfin pour un amateur… Je suis allé le revoir, espérant des fruits mûrs ou quelques chose de plus, en fait de caractères, à me mettre sous la dent. Où avais-je la tête? La réponse était donnée par le jardinier qui prévoyait mon interrogation. 



 Le sorbier des oiseleurs, trop à l'ombre peut-être, n'a pas produit de fruits.


Le jardinier prévoyant a planté à son pied un autre sorbier, le frère du frère de la rose. Je ne l'avais pas remarqué l'année dernière et c'est en le voyant maintenant que mon intuition s'est confirmée. Les gros bourgeons "laineux" de Sorbus aucuparia (sorbier des oiseleurs, European Mountain-ash) sont le meilleur caractère afin de le distinguer de nos deux sorbiers indigènes. Et le rapprocher (littéralement!) de l'arbre inconnu.

Et un sorbier en amenant un autre...
 
Il s'agit donc du Sorbus alnifolia var. alnifolia, originaire du centre de la Chine, de la Corée et du Japon.

Alisier du Japon, Alisier à feuilles d'aulne, 水榆花楸 (shui yu hua qiu), Alder-leafed Whitebeam, Korean Mountain Ash. Frère de la rose...




vendredi 26 août 2011

Portraits d'oiseaux



Vireo solitarius, Viréo à tête bleue. Photo Alain Hogue.

Les touchantes photographies d'oiseaux d'Alain Hogue offrent un plus : ce sont de véritables portraits de ces individus ailés. Il les photographie souvent alors qu'ils chantent, ce qui me semble déjà rare. Les oiseaux gagnent en vie.

C'est ce que nous connaissons tous des oiseaux : leurs chants. On les entend avant de les voir.  Arrivés dans un nouveau territoire, les entendre nous a toujours satisfait : "il y a de la vie ici", c'est une impression "antédiluvienne", éthologique... Les oiseaux, si souvent symbole vivant d'une terre chargée de fruits, sont paradoxalement photographiés de façon figée. Une limite de la photographie, me direz-vous? Sur le Web le répertoire de photos magnifiques d'oiseaux est curieusement assez contraint. Il est aussi difficile de réussir une belle photo que de renouveler un genre bien fixé me semble-t-il.



Troglodytes troglodytes, Troglodyte mignon. Photo Alain Hogue.



Mais le répertoire des chants d'oiseaux est très grand, lui… Photographiées le bec ouvert rend ces petites créatures audibles en quelques sorte. En gros plan c'est en plus un individu que l'on rencontre. Le chant d'un oiseau est une manifestation de sa vie publique. M. Hogue est un photographe qui entend. Le répertoire de la photographie d'oiseaux gagne une dimension.


Voyez ses photos :

mardi 23 août 2011

Doux hamamélis…




Hamamelis virginiana, hamamélis de Virginie, café du diable, witch hazel...


Bon il se prépare ses boutons de fleurs notre ami l'hamamélis de Virginie*… On ne lui en demandait pas tant! Le coquin à l'envers qui fleurit en octobre ou novembre est l'annonciateur discret de vous savez quoi… Malgré lui pourtant...

Annonciateur de la rentrée scolaire, de l'Haloween, ou autre chose de bien plus terrible? Bon d'accord, avant qu'on se plaigne que je sois plaignard et avant que l'on me chante les beautés automnales (ou pour les autres coquins qui trouveront du positif à dire sur la grande blancheur…) d'accord!… Du moins pour l'automne! L'hamamélis annonce donc les grandes couleurs.

Notre petit arbre fleurira alors, à lui tout seul la lumière dorée sur ses belles fleurs jaunes. Croit-il… Mais quelle responsabilité pour un si petit être… Il entraînera tout le lot! Toute la montagne et la région et les Laurentides! Et quoi encore?

Partout des feuillages dorés, orangés, rouges...

C'est le Grand Malentendu voyez-vous, le Grossier Mélange des Signaux! Notre minuscule arbre qui se prépare innocemment la fête des fleurs, prépare aussi tous les grands qui croient que c'est le signal de plier bagage! Ceux-là! À la première occasion...

Doux hamamélis…

... tes noms vernaculaires me sont tout à coup compréhensibles...


 
*la terre vient de trembler là-bas et la secousse a été ressentie jusqu'ici à Montréal.




samedi 20 août 2011

"...chefnes auffy beaulz…"


Je ne peux garantir la valeur documentaire de cette illustration, la feuille de chêne rouge, si.


"Le lendemain au pl' matin le cappitaine f'acouftra & feift mettre fes gens en ordre pour aller veoir la ville & demourant dudict peuple, & vne montaigne qui eft iacente en leur dite ville : ou allerent auec le dict cappitaine les gentilz hommes & vingt marinyers, & laiffa le parfus pour la garde des barques, & print trois hommes de la dicte ville de Hochelaga pour les mener & conduyre audict lieu, & nous eftans en chemin, le trouuafmes aussi battu qu'il foit possible, & plus belle terre & meilleure qu'on feaurait veoir, toute plaine de chefnes auffy beaulz qu'il y ayt en foreft de France : Soubz lefquelz eftait toute la terre couuerte de glâ…" *

Et voilà c'est, je crois, la toute première mention des chênes (chefnes) de l'île de Montréal. J'ai fais l'effort de transcrire cet extrait, faites l'effort de lire!

Pourquoi?

Charles L'Heureux me fait parvenir une magnifique série de photographies sur les arbres remarquables au Québec et quelques notes que je complète ici. Nous avons convenus de les publier afin de faire connaître ces grands gaillards. Dans ce premier billet nous présentons des chênes, le genre Quercus.



Quercus rubra (chêne rouge, red oak)


Ce chêne rouge du Bois-de-la-Réparation à Pointe-aux-Trembles est réputé le plus vieil arbre de Montréal avec ses quelques 360 ans !  Mike Fothergill sur cette photo .



Quercus rubra (chêne rouge, red oak)

Le chêne rouge du cimetière protestant Mont-Royal est sans doute le plus gros de son  espèce sur l'île. Il fait 452 cm de circonférence et il pourrait tourner autour des 300 ans, du moins selon ce qu'en pense David Lemieux-Bibeau ing. forestier.



Quercus macrocarpa, chêne à gros fruits, bur oak

Voici le magnifique chêne à gros fruits, sûrement champion de la ville avec ses 454 cm de circonférence. Il est situé sur la rue Glengarry à Ville Mont-Royal (Town of Mont-Royal). Il doit faire autour des 250 ans. Il a gagné un prix des arbres remarquables de TMR lors de la première édition en 2009 ou 2008 . David Lemieux-Bibeau sur cette photo.



Quercus robur, chêne pédonculé, English oak

Le chêne pédonculé (originaire de l'Europe) du campus de l'Hôpital Douglas à Verdun est assez unique à Montréal. Il dépasse les 200 ans et fut sûrement planté par un anglais après la conquête.  Sur cette photo, Francois Morrissette de la société d'histoire de Lachine.

Charles a encore quelques photos à partager et c'est avec plaisir que je les publierai.


Joignez la page Facebook : Les Arbres Remarquables et Boisés du Québec


*Bref récit et succincte narration de la navigation faite en 1535 et 1536 par le capitaine Jacques Cartier aux îles de Canada, Hochelaga, Saguenay et autres, 1545


jeudi 18 août 2011

Attentives au champ en ville



Une friche dans le Vieux-Montréal, rue Notre-Dame.


Il faut répondre présent à l'appel des attentives. À l'invitation de Audrey Lavallée et Chloé B. Fortin je suis allé visiter cette friche au beau milieu du Vieux-Montréal. J'ai donné un coup de main afin d'identifier les plantes qui verdissaient l'endroit. Ces deux femmes forment le collectif Bjios (avec un "j" inutile, muet et charmant…) Leurs activités itinérantes et créations in situ sont connues sous le nom de "les attentives".



Audrey et Chloé, radieuses devant les Verges d'Or.


Dans le cadre du prochain Sommet Mondial de Écocité 2011 elles présenteront leur projet Jardin de fortune. Elles nous proposeront le "rapatriement" du micro-espace de verdure avec conservation de graines de mauvaises herbes et autres interventions.  Elles suggèrent même un toit vert au futur immeuble qui s'érigera à l'endroit. Un ré-attrape-plantes en quelque sorte, les espèces présentes retrouvant peut-être alors un territoire plus haut dans le ciel.

Voyez plus de détails sur cette page de Dare-Dare, Centre de diffusion d’art multidisciplinaire de Montréal et leur contribution au Sommet:

Écocité; sur le terrain

Vernissage : Mardi 23 août à 18h. Remis au mercredi en cas de pluie!

Le lundi 22 août, entre 12 h et 16 h
Le mardi 23 août, entre 16 h et 19 h
Le jeudi 25 août, entre 12 h et 16 h


Vu d'ensemble du site aménagé devant le petit champ sauvage.


L'endroit est est une friche urbaine créée par la démolition d'un édifice connu sous le nom de Le Pigeon Hole Parking Garage, stationnement mécanisé et curiosité moderniste*, un véritable hôtel pour voiture. C'est maintenant un parc éphémère qui connaît des aménagements différents depuis quelques années. Tout cela est voué à la disparition par l'éventuelle construction d'un hôtel pour humains.

Comme les mauvaises herbes, les artistes, architectes et aménagistes occupent l'espace tandis qu'il est ouvert. À sa fermeture tous iront ailleurs...

Voyez aussi cette page Facebook sur le Pigeon Hole

Voyez ces photos de l'année dernière lors de la version "Friche et célèbre" de ce parc éphémère et faites le tour des albums pour voir les photos de tous les événements qui ont eu lieu ici.

Et ne manquez pas le travail des attentives ici : Bjios




dimanche 14 août 2011

256 pouces carrés de biodiversité 4



Voici le quatrième billet de la série 256 pouces carrés de biodiversité. Je croyais que ce serait le dernier mais il y en aura encore un autre. Je prépare un tableau présentant les associations écologiques observées. Puis il se fait tard et je veux mettre ce billet en ligne!



Parasyrphus nigritarsis


Après les guêpes et les pucerons, les abeilles de toutes sortes il y a eu de nombreux autres visiteurs au champule de luzerne lupuline/potentille. Il ne faut pas oublier les mouches (Diptères). D'abord ci-haut Parasyrphus nigritarsis, une mouche syrphide, qui venait faire son tour à l'occasion et glanait quelques gouttes de nectar sur les fleurs. Elle passait aussi pas mal de temps à goûter la surface des feuilles et peut-être léchait-elle du miellat produit par les pucerons?




Scathophaga stercoraria


Ou plutôt Scathophaga furcata ? Quoiqu'il en soit c'est une de ces adorées mouche à marde… à merdre… à merde! Pardonnez mon envolée typo-scatologique. Son nom signifie "qui se nourrit de m…" : en fait ce n'est pas le cas. La femelle y pond ses oeufs dont les larves se nourriront de larves d'autres insectes qui elles aiment vraiment la bouze. Les adultes aperçus dans mon attrape-plante (c'est un peu insultant d'ailleurs…) sont aussi des prédateurs et devaient croquer du puceron.



Lucilia cluvia


Une des mouches vert métallique de la famille des Calliphoridées le genre compte 11 espèces en Amérique du nord. Pour les amateurs d'entomologie médico-légale (CSI) ce sont ces mouches nécrophages qui arrivent les premières sur un cadavre. Elles sont parfois prédatrices mais je ne crois pas que ce soit directement la chasse au puceron qui l'amène ici. Peut-être profitait-elle un peu de miellat entre deux siestes à l'ombre?

Elles sont rarement pollinisatrices et certainement pas des fleurs dont il est question ici. Mais si ça sent fort mauvais ou le cadavre comme les fleurs de certaines Aracées c'est une autre question.

À bientôt pour quelques connaître les autres habitants et visiteurs de l'attrape-plante et ma conclusion et un super-tableau!

Maintenant au boulot...



samedi 13 août 2011

Verdir Mars



 Photo du cratère Endeavour sur Mars par la sonde de Flora Urbana. Merci à la NASA.


Je suis pas malheureux du mois d'août mais j'aime bien Mars…

Les humains ont été fasciné par les petits bonhommes verts depuis si longtemps qu'ils entreprendront un jour le (bio)verdissement de la planète rouge. Je connaissais l'expression "terraformation", anglicisme tirée de la science-fiction, puis celui de  "écogenèse", j'apprends maintenant le terme plus technique de "biosphérisation" :

"transformation de tout ou partie d'une planète, consistant à créer des conditions de vie semblables à celles de la biosphère terrestre en vue de reconstituer un environnement où l'être humain puisse habiter durablement."
Pour vous faire une idée allez pluto lire ce petit Wiki : Terraformation


Un jour il  aura des pissenlits (et des étourneaux) sur Mars.
 
L'expression "paysage anthropique" prend tout à coup un autre sens… Comme j'ai un libellé "paysage anthropique", le sujet est autorisé sur ce blog… Et c'est une divertissante diversion qui vous fera oublier mon dernier billet sur 256 pouces carrés de biodiversité. Je le publie demain.


vendredi 12 août 2011

Megachile rotundata (?)






Megachile rotundata ...

... mais je garantie pas ... 

Sur mon balcon il m'arrive de regarder ailleurs que dans mon attrape-plante, il y a aussi quelques pots de fleurs dont un gros avec de la menthe poivrée et du basilique. J'ai laissé quelques-uns à fleurir, question de voir ce que ces fleurs attirent. Il y a constamment des PAN (petites abeilles noires...) et cette bien plus grosse abeille de 6 ou 7 mm.

Je suis assez certain qu'il s'agisse d'une abeille mégachile. Mais à préciser l'espèce c'est une autre paire de mandibules! Ces abeilles amassent le pollen sur le ventre, c'est une source de protéine pour les larves. Mais ici elle (il?) fait le plein de nectar.

Famille des Mégachilidées, les coupeuses de feuilles.



mardi 9 août 2011

256 pouces carrés de biodiversité 3



Vue d'ensemble du micro-habitat de l'attrape-plantes le 12 juillet.


Je vous ai donc laissé le 13 juillet avec une suite à venir qui ne venait pas… le temps passe vite et j'ai toujours mille autres choses à faire. Les deux précédents billets* ont eu pas mal de lecteurs, je vous remercie tous! Surtout pour votre patience. Il n'est pas facile de reprendre le fil de la narration. Certaines observations n'ont pas été notées et les détails fuient, ce qui n'aide pas du tout! Acceptez donc mes plates excuses pour mes approximations et mon retard à vous parler à nouveau de la biodiversité d'un très petit monde géant : l'attrape-plantes de mon balcon. Allons-y.


Malgré l'intensité de la "récolte", constante pression des nombreuses espèces de guêpes prédatrices, la population du puceron n'avait cessé de croître. Il n'y avait plus ce matin (12 juillet) aucune plante de luzerne lupuline qui soit verte! Toutes sont déséchées, mortes. C'est l'équivalent microscopique du destin de l'île de Pâques! Comme les humains Polynésiens, les pucerons ne connaissent pas le développement durable… Après cette coupe à blanc ils sont déjà partis par les airs et ont trouvé une autre colonie de luzerne. La luzerne de mon attrape-plante, elle, grâce à son nectar qui attira de petites abeilles a de nombreux fruits en maturation. Pas de doute de ce côté, elle sera de retour. En attendant les autres espèces de plantes auront enfin de la lumière et pourront se développer. Une autre écologie est en préparation et ce sont les abeilles qui s'en occupe… qui d'autre?



Vue rapprochée : la luzerne lupuline complètement ravagée par les petits vampires pucerons.


Tout ce temps donc, en parallèle de toute cette orgie de prédations, les abeilles faisaient leurs trucs : boire du nectar ou amasser du pollen. Ce faisant elles pollinisaient les fleurs qui nous referont ce champule (néologisme pour ce petit champ…) de luzerne.


Je ne peux identifier que peu de ces nombreuses petites abeilles et ce sont plutôt leurs comportements généraux que mes trop rapides observations ou les mauvaises photographies qui le permettent. Déjà si une abeille amasse du pollen on peut savoir à quelle famille elle appartient. Et son sexe. Ce sont les femelles qui amassent le pollen pour nourrir les larves. Les mâles se contentent de picoler un max de nectar… ce qui exige beaucoup d'énergie et donne encore plus soif… Puis il faut noter où l'abeille accumule le pollen sur son corps? En paquet plus ou moins compact sur les pattes? Ou en tapis recouvrant tout le dessous de l'abdomen? Cela permet de s'approcher de la sous-famille ou peut-être même du genre. Ensuite si par chances quelques photos sont assez nettes pour montrer certains infimes caractères morphologiques on peut (si les dieux sont avec nous…) donner un nom à la sympathique petite abeille.



Une abeille Andrène sur la potentille. Elle ne s'intéressait pas à la luzerne lupuline.


Il y a donc les petites guêpes noires (PGN, voir le billet précédent sur le sujet) et maintenant nous avons les petites abeilles noires (PAN), toute une biodiversité au-delà de nos perceptions grossières. Les PGN et les PAN se comptent pourtant par centaines… toutes différentes. Et équitablement non-vues… Les PAN et les autres abeilles qui ne nous font pas du miel participent pourtant au même titre que notre sucreuse préférée à la pollinisation de ce que nous cultivons et des fleurs sauvages. En fait de biodiversité ce sont les PAN qui sont les grandes (les petites…) discrètes besogneuses, pas l'abeille domestique…

Un bourdon (Bombus sp.) est aussi passé en patrouille à quelques reprises, sans trop s'attarder. Les généreuses petites fleurs de la luzerne lupuline offrent amplement de nectar... pour de plus petites abeilles. Mais pas assez pour d'aussi grosses bêtes. Ce sont au moins trois espèces d'abeilles de petites tailles qui visitent régulièrement le petit jardin suspendu. En voici deux :

D'abord Andrena sp. (sur la photo plus haut). Elle arrivait puis chassait les autres (plus) petites abeilles lorsqu'elles se rencontraient sur les fleurs de potentille. Comme beaucoup d'abeilles indigènes (l'abeille à miel est une importation faut-il rappeller) les Andrènes sont actives plus tôt le matin ou au printemps. Elles ont après tout évolué dans le climat d'ici et sont moins sensibles au froid. Ces abeilles Andrènes se ressemblent beaucoup entre elles et ne sont pas faciles à identifier. Les experts en abeilles affirment que ça prend un plus grand expert pour l'identification… Je passerai donc mon tour.



Hylaeus leptocephalus (lepto, céphale : tête étroite)


J'ai eu de la chance pour l'identification de cette petite abeille. Ce sont les marques blanches sur la face qui m'ont rapidement mis sur la piste des Colletidées. En Amérique du Nord on en compte environ 150 différentes espèces dans cette famille. Il s'agit de Hylaeus leptocephalus et on la confond facilement avec certaines guêpes. Et c'est une femelle, les marques faciales du mâle sont plus grandes, elles sont fusionnées et lui donnent une face toute blanche. À 5 ou 6 mm la femelle est peu plus grande que le mâle (4-6 mm).

Cette abeille est une pollinisatrice spécialisée (on dit oligolectique ou oligolecte). Ce sont les fleurs de la famille des Fabacées (trèfles et autres) mais  surtout les Melilotus (mélilots) qui l'intéressent. Les fleurs de la luzerne lupuline sont à peu près de la même taille. À petite fleur, petite abeille. Elle ne récolte pas de pollen c'est le nectar qui la branche. L'espèce viendrait en fait d'Europe.


À gauche, sur la luzerne lupuline, une buveuse de nectar qui n'amasse pas de pollen. À droite sur la potentille une buveuse de nectar et amasseuse de pollen. Ce sont deux espèces de PAN différentes.


Dans les photos de ce billet il y quatre espèces d'abeilles et mes dizaines d'autres photos en cachent probablement une ou deux de plus. De plus je n'ai tout simplement pas réussi à photographier certaines autres abeilles, une Osmie je crois entre autres. Mais la rencontre de ces belles petites butineuses valait les quelques brefs instants ou je sortais sur le balcon pour voir ce qui se passait, qui venait par ici? Vous allez sourire : une de ces petites me rendait bien ma curiosité et c'était singulier de la voir à travers mon objectif macro tourner sa petite tête pour mieux voir la grande tête de la grande bête qui vivait (avec son appareil-photo) sur ce balcon. Elle était bien occupée et semblait prendre un instant pour me rendre mon regard curieux. Je n'ai pas la moindre idée de ce que peux bien penser une abeille de 5 mm. Mais je suis certain de l'avoir vu me faire un clin d'oeil! 


Je ne vous dis pas à demain pour le dernier billet de cette série. Mais dans quelques jours (il est déjà à moitié fait) vous aurez la conclusion du compte-rendu d'un autre safari sur place de l'inspecteur des mauvaises herbes.


Ciao!






*Les autres billets de la série:

256 pouces carrés de biodiversité 1
256 pouces carrés de biodiversité 2





dimanche 7 août 2011

Le Cooper!




Accipiter cooperii, l'épervier de Cooper. Tout un boucan de cris d'alarme de la part des oiseaux du coin. En levant la tête il y avait ce mâle juvénile (la calotte noire indique un mâle). Perché sur la branche d'un robinier (Robinia pseudoacacia) à la limite de la forêt. Au sommet Outremont du Mont Royal à Montréal.
 



Je crois que c'est le rapace le plus commun en milieu urbain. C'est celui que je croise le plus souvent en tout cas! Capable de chasser en forêt on le voit aussi perché au-dessus d'une ruelle où les écureuils ont intérêt à le connaître! 

Pardonnez les photos prises dans une situation difficile : photo à 1600 ISO, ombre profonde, à contre-jour, sans téléphoto... enfin...

Pardonnez aussi mon troisième billet retardé sur "256 pouces carrés de biodiversité"... ça viendra!





vendredi 5 août 2011

Dianthus armeria à Mirabel




Benoit Dorion m'envoie ces photos d'une plante que je connaissais pas : le Dianthus armeria, (oeillet arméria, Deptford pink). Je croise à l'occasion son parent le Silene armeria mais je n'ai jamais rencontré cette belle Caryophyllacée (la famille de l'oeillet).




 
La plante est mentionnée dans la Flore Laurentienne de Marie-Victorin qui, à l'époque, la donne pour rare au Québec. C'est encore le cas je crois! Elle origine du Caucase à l'Europe de l'Ouest et on la trouve maintenant un peu partout en Amérique du Nord et ici au Domaine Vert et au Golf Hillsdale à Mirabel au Nord de Montréal.






Une plante de pleine lumière dans des sols secs, graveleux et compactés. La beauté délicate ne semble pas exclure la force de pousser dans des milieux aussi perturbés et difficiles.

Benoit ajoute qu'il a observé plus de 110 espèces d'oiseaux au Domaine vert. Je tâcherai d'aller inspecter ces lieux que je ne connais pas.

Merci Benoit pour les photos et les notes!



Note : Je devrais publier ce weekend le troisième billet de la série "256 pouces carrés de biodiversité".



jeudi 4 août 2011

Les Moracées à Montréal



Notez la branche qui dépasse au dessus des branches pleureuses. Elle origine de la base de l'arbre et porte ces curieuses feuilles atypiques. (désolé pour les photos et illustrations rapido...)


L'année dernière le propriétaire de l'immeuble où j'habite a planté des mûriers blancs (Morus alba 'Pendula') au rez-de-chaussée. L'identification se fait par défaut puisqu'il n'y a que cette espèce avec laquelle on produit le cultivar nain, retombant, pleureur et très négatif. L'identification de cette curiosité est facile mais j'ai encore de la difficulté à distinguer le mûrier blanc du mûrier rouge. Le premier est une espèce introduite en Amérique du Nord et le second est indigène sur le continent, plus au Sud qu'au Québec où c'est un arbre cultivé. Morus alba est connu pour s'échapper de culture un peu partout au monde et il s'est naturalisé ici et là et il s'hybride en plus avec le second.



Quelques feuilles prélevées sur l'arbre de la première photo.



Deux feuilles d'un mûrier planté sur le Mont Royal.


Je ne suis pas encore très à l'aise pour identifier les quelques spécimens spontanés ou cultivés rencontrés à Montréal.  Le fait qu'ils s'hybrident dans la nature vient peut-être compliquer les choses… Celui-ci ci-haut provient du Mont Royal et est sûrement une plantation des services d'horticulture. Il est glabre sur les deux faces de la feuille. Je devrai retourner constater et noter de nouveaux caractères, plus utiles (la forme des stipules entre autres). Un des critères fiables serait la couleur du bourgeon : s'il est blanc ou rouge on est devant le mûrier blanc ou rouge… Pas très satisfaisant je trouve!





Celui ci-haut est un arbre spontané trouvé dans une carrière à Montréal. Vu la situation, son statut "sauvage" ou spontané ne fait pas de doute, pour la détermination de l'espèce toutefois c'est bien moins certain… Enfin chez moi son "titre de travail" est Morus rubra… le bourgeon me semble rouge… et surtout les branches du style sont blanchâtres (non visible sur cette photo) plutôt que rougeâtres comme chez le mûrier blanc*. Si c'est bien le mûrier rouge ce serait une nouvelle espèce de la flore du Québec. 


La famille des Moracées compte aussi les figuiers (le genre Ficus, vous connaissez sûrement Ficus elastica, la plante caoutchouc). Toutes ces plantes ont un latex plus ou moins blanchâtre qui coule du pétiole quand on détache une feuille. Les mûriers et les figuiers partagent aussi l'extraordinaire variation de la forme des feuilles. Bronwyn Chester** a récemment parlé des figuiers communs (Ficus carica cv) cultivés par les Grecs et Italiens depuis belle lurette à Montréal. Il faut les enfouir afin qu'ils survivent l'hiver trop froid ici.





Le figuier ci-haut (Ficus johannis sous-espèce afghanica) semble bien résister au froid (je vous en ai déjà parlé, voyez plus bas***). Depuis 3 ans maintenant il pousse dans des conditions qui lui épargne les vents les plus froids mais ne lui laisse probablement pas assez de soleil pour fleurir… Attention de ne pas confondre avec Ficus carica 'Icecrystal', un des nombreux cultivars du figuier commun.

Le spécimen "afghan" a été endommagé ou a peut-être souffert du gel. Je veux en faire une bouture pour le préserver. On m'a suggéré d'utiliser des branches de saules et de les mettre ensemble dans l'eau afin de les faire enraciner. Il ne fait aucun doute que les saules s'enracineront et ils auront apparemment un effet stimulant sur les branches de figuiers qui formeront alors des racines. Je n'ai pas recherché la question mais l'intuition me conduit à faire l'expérience avec de meilleures chances de succès.

Un hybrideur aura peut-être un jour l'idée de croiser les deux espèces de figuiers et on aurait alors un figuier résistant à notre climat hivernal excessif et gélifriant (!). Hum... hybrider ces étranges "fleurs" me semble tout à coup une affaire pas très simple… Peut-être devrais-je plutôt entrevoir la possibilité de faire du Ficus johanensis un porte-greffe et y mettre des greffons de Ficus carica ? On aurait des figues à Noël!


* Voyez le description des deux espèces de mûriers dans Flora of North America

***Mes autres billets sur ce figuier:




mercredi 3 août 2011

Vue corrigée


Kyra m'a redonné la vue sur le fleuve. Merci!

Maintenant si quelqu'un connaît le traitement magique pour soigner l'orme...

mardi 2 août 2011

L'orme de Repentigny

  Photo : Arno Latour

Un des derniers grands ormes (Ulmus americana, white elm) de ma ville natale. Les nouvelles sont déplaisantes.



Photo : Arno Latour


Grand corps malade??? La canopée est bien clairsemée… Pas beaucoup de feuilles me semble-t-il. Quelques branches sont nues… Non, ça c'est trop cruel… La maladie du hollandais volant aura raison du géant?



  Photo : Arno Latour


Petit, j'allais m'assoir à son pied et je contemplais la vue (imprenable je croyais…) sur le fleuve Saint-Laurent. 



  Photo : Arno Latour

La vue a bien changé depuis que j'étais haut comme trois pommes. Faites-l'effort d'imaginer une vue sur le beau fleuve Saint-Laurent dont on voit un petit bout tout à fait à gauche de l'image.

Il n'y a plus de vue. Et bientôt il n'y aura plus mon orme.

Je déteste les vacances.