lundi 26 mars 2012

La taille de la guêpe






À 2,5 pouces (6,3 cm) le mâle de cette guêpe (on la surnomme Godzilla) a de quoi inquiéter les inquiets. Megalara garuda, une espèce récemment découverte à Sulawesi en Indonésie a les machoires plus grandes que ses pattes avant! 




 Photo-montage : Mail Online 

Comparer avec cette guêpe bien commune (Vespula vulgaris, la Guêpe commune, d'origine Eurasienne) qui nous ennuie quand nous pique-niquons.




Photo de Chris Murphy (retouchée un peu ici)



À propos de cette méga-guêpe, lisez le billet chez Bug Girl's Blog


Une guêpe de deux pouces et demi? Si vous voulez mon avis : c'est trop grand!


Les guêpes sont extraordinairement variées et comptent des milliers d'espèces avec des styles de vie différents. Nous connaissons maintenant la plus grande espèce. Alors je me suis demandé : quelle serait la plus petite espèce? 



Illustration Polilov : Comparaison de Megaphragma mymaripenne (A) avec deux protozoaires  Paramecium caudatum (B).  Amoeba proteus (C). À la même échelle : 200 μm.

Je suis d'abord tombé sur celle-ci : la microscopique Megaphragma mymaripenne. Sur l'illustration on la voit à la même échelle que la paramécie et l'amibe, deux organismes unicellulaires.


Le mystère (ou l'étonnement, n'est-ce pas?) c'est que le "cerveau" de l'insecte adulte ne compte que 400 neurones.  Il est difficile d'imaginer un système nerveux plus réduit, miniaturisé. Tellement miniaturisé que la plupart de ses neurones (des cellules nerveuses) n'ont même pas de noyaux. Et pourtant elle vole la guêpe! 


Polilov A. 2011. The smallest insects evolve anucleate neurons. Arthropod Structure & Development Volume 41, #1, Janvier 2012.   



Dicopomorpha echmepterygis


Mais il y a une espèce encore plus petite! Il s'agit ci-haut de Dicopomorpha echmepterygis, un guêpe de la famille Mymaridae. L'espèce parasitoïde vit au Costa Rica. Ses femelles pondent plusieurs oeufs nanos dans les oeufs de psocoptères*. Les mâles de D. echmepterygis qui émergeront sont aptères (sans ailes) et aveugles. Naturellement puisqu'il ne volent pas et vont nul part! D'ailleurs ils ne quittent pas l'oeuf de Echmepteryx hageni (le psocoptère en question). Quand ils sortent de leur propre oeuf (dans l'autre oeuf, vous me suivez?) ils cherchent leurs soeurs pondues en même temps par maman et s'accouplent avec elles (ce sont des insectes incestueux, ya longtemps que je voulais l'écrire celle-là...) puis meurent sans avoir quitté l'oeuf-hôte. 

La belle vie...




 Dicopomorpha echmepterygis. Photo : John S. Noyes © Trustees, Natural History Museum




Mais le plus remarquable est que ces mâles (bien plus petits que leurs grandes soeurs) n'ont que 0.139 mm. Si vous préférez (les mots ont de l'importance) ils mesurent 139 microns (un micron c'est un millième d'un millimètre). Et ça c'est plus petit qu'un amibe!


Si vous voulez mon avis : c'est trop petit!

Même pour un petit frère.



*nous connaissons tous les poux de livres qui sont des psocoptères aptères





8 commentaires:

  1. Décidemment tes billets sont passionnants ! Merci :)

    RépondreEffacer
  2. Ahah insecte-inceste, vous avez lu Ada de Nabokov, pas vrai ?

    RépondreEffacer
  3. @Casoar : non... mais je devrais le faire! Merci de cette référence.

    RépondreEffacer
  4. Roh et pourtant il y a un herbier dès les premières pages !

    RépondreEffacer
  5. @Casoar : J'ai lu un synopsis de l'histoire ce matin et déjà je suis assez tenté d'aller à la biblio. La coïncidence de ma phrase et de la relation incestueuse de Ada est étonnante. Je ne connaissais que lo-li-ta et ses travaux de lépidoptérologie. Intéressant ce Nabokov...non?

    RépondreEffacer
  6. «La taille de la guêpe»… Polysémie à bon escient, I love it!

    Tailles (pluriel) veut aussi dire Rameaux ou branches coupés sur les végétaux, comme dans:

    Mélie, tends ton tablier, que j'y mette les tailles... À genoux, je ramassais les fagotins d'abricotiers, étoilés de fleurs. (Colette, 1922)

    RépondreEffacer
  7. Chez Flora Urbana on est fier d'être poly-machin.

    RépondreEffacer