samedi 9 juin 2012

Oiseaux de proie du Québec


La chance est un oiseau de proie survolant un aveugle aux yeux bandés.

Serge Gainsbourg



Scan de la couverture et de l'identification visuelle du Cooper.


Assis au parc Lahaie, j'observais le vol des nombreux pigeons dans un effort de me représenter celui du pigeon voyageur (Ectopistes migratorius). Une sorte d'exercice d'archéologie visuelle. J'en ai suivi des yeux une bonne douzaine, essayant de distinguer les différents coups d'ailes et de queue selon la navigation et l'intention de l'oiseau. Puis tout à coup, de la gauche, passant rapidement à travers les branches d'un érable de Norvège, en vol glissé d'abord puis balançant ses ailes en alternance avec la queue, un oiseau de proie surgit. En parfaite maîtrise des obstacles de branches l'oiseau émerge de l'arbre, une proie dans les serres. L'angle descendant de sa course le fait passer à trois mètres de moi, à la hauteur de mes yeux. Sur les autres bancs il devait y avoir 7 ou 8 personnes et nul n'a vu l'éclair. Une scène étonnante!


J'ai bondi spontanément, me suis levé et crié Wow! Autour, personne n'a bronché… L'oiseau est passé au nez de tous en criant! Je me trouvais si bête de ne pouvoir être certain de son identité. Si vite passé cet oiseau! Un dernier cri et il traversait le boulevard Saint-Laurent pour plonger dans les arbres de la ruelle derrière.




2 des 7 pages sur le Pygargue dans la section Caractéristiques et Comportements.


Oui, il y a des oiseaux de proie en ville, même en plein centre. Si le faucon pèlerin profite d'un bon capital de sympathie il ne faut pas oublier le Faucon crécerelle, l'Épervier de Cooper ou l'Épervier brun. Ils ne sont pas toujours facile à distinguer toutefois.


Un livre qui vient de paraître m'aidera à l'avenir (m'a déjà aidé en fait voyez ici):


Oiseaux de proie du Québec et de l'est du Canada*, par Marcel Harnois et Roger Turgeon, deux spécialistes bien connus de l'avifaune des rapaces au Québec, tous deux auteurs de nombreux articles dans la revue QuébecOiseaux par exemple. Je dois tout de suite souligner le travail de l'illustrateur Ghislain Caron avec la collaboration de Claude Thivierge. Le livre est riche d'information et plein de visuel!


C'est une monographie complète**, entièrement consacrée à seulement 20 espèces. Cela permet un traitement en profondeur et si les oiseaux de proie diurnes sont souvent difficiles à identifier, avec ce livre vous aurez toutes les chances d'y parvenir. Sans oublier que "leur identification constitue souvent un mélange de science et d'intuition." L'expérience de l'observateur étant souvent le meilleur guide...



Identification visuelle du Faucon gerfaut.


D'abord on nous donne quelques pages d'introduction sur les techniques de vol et le plumage selon l'âge et la mue, la couleur de l'iris et la morphologie qui précèdent des pages doubles comparant toutes les espèces en vol plané ou leurs mensurations. On y apprend l'essentiel de la biologie des rapaces et à elles seules ces dernières planches donnent le ton et toute la valeur de l'ouvrage. On veut nous aider!


Le livre est ensuite divisé en deux parties (Identification visuelle et Caractéristiques et comportements) c'est un choix judicieux et efficace. Lors d'une observation (souvent furtive) on peut se référer rapidement à la première partie synthétique avec l'information visuelle utile sur le champ, quand tout est frais à la mémoire. Ensuite quand l'oiseau est disparu, la deuxième partie nous donnera des suppléments d'information sur son vol. Le style de vol de ces oiseaux, qu'on voit souvent de loin, est aussi important que le plumage. Le vol de chaque espèce est donc généreusement décrit et illustré. On nous parle aussi des espèces semblables, de l'habitat et des techniques de chasse. Voilà qui nous donne des détails encore utiles qui complètent le processus d'élimination/confirmation qui mène à l'identification.


Et il reste encore de la lecture : des notions sur les tendances des populations, la répartition, la migration, le vol nuptial, etc. Le livre est complet et la méthode d'identification efficace. C'est tout l'avantage d'une monographie spécialisée.




Scan de l'identification visuelle de la Crécerelle d'Amérique


Du côté visuel c'est tout simplement superbe (j'inclus quelques scans qui ne rendent pas du tout justice...). Pensez qu'on nous montre l'oiseau en vol plané et glissé, vu d'en dessus et d'en dessous, perché, etc. Et si ce n'est pas suffisant le texte discute beaucoup de la variation du plumage en fonction du sexe, de l'âge ou des variétés des espèces… Tout cela est dit, décrit et de plus illustré. Les auteurs voulaient-ils nous aider à connaître et reconnaître les oiseaux de proie? Ils ont une sacrée belle réussite!


Les illustrateurs ont fait un travail qui mériterait quelques superlatifs… Je me contenterai de dire qu'ils ont fait très bien ce qu'il fallait pour appuyer le propos du livre : avec une multiplicité de points de vue l'oiseau est montré sous toutes ses plumes. En plus de la centaine d'illustrations le livre compte 4 photographies par espèce.


Pour un naturaliste urbain comme moi ce guide est une invitation à sortir de la ville un peu! Où aller? Les auteurs nous donnent une liste de sites d'observation dans l'est du Canada (Ontario, New-York, Québec et les provinces Maritimes). Pour ma paroisse (Montréal) on peut aller observer la Buse à épaulettes à l'Arboretum Morgan. Aller voir des arbres et des rapaces, avec un bon guide? Quelle aubaine!




*Oiseaux de proie du Québec et de l'est du Canada, Éditions Michel Quintin
ISBN : 9782894355770, 223 p., 29,95 $ CAD


**Ou presque, le titre aurait dû préciser Oiseaux de proie diurnes, car il manque les "nocturnes" Strigidés (hiboux, chouettes et nyctales) et notre seule Tytonidée (je crois) l'Effraie des clochers. C'est mon seul regret!




3 commentaires:

  1. Et les rapaces nocturnes ? À Montréal, on peut certainement voir le Petit-duc maculé et le Grand-duc d'Amérique.
    Indice: ils se cachent parmi les morts ou dans le plus grand jardin de Montréal.
    Pour les éperviers, pas le choix, il faut des arbres.

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  2. L'oiseau aperçu au parc Lahaie était probablement l'Épervier brun. J'essaierai de le revoir... On peut voir des chouettes au parc Lafontaine!

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  3. Oups, excusez le léger retard.
    J'ai observé plusieurs fois le Grand-duc d'Amérique au Jardin botanique. Et les éperviers y nichent. On peut aussi le voir aussi, avec le Petit-Duc au cimetière Mont-Royal.

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