lundi 31 décembre 2012

2013!








Que 2013 puisse être encore plus grande que 2012!


Bonne Année!





samedi 29 décembre 2012

Les dents de la mer


C'est la fin de l'année, le temps des Fêtes, du prenons un peu d'air et du beaucoup de neige. Votre blogueur est occupé à mille choses! Recherche et documentation, amorces de texte, recherche graphique, etc. C'est que je suis toujours sur mes travaux d'auto-publication. Et ça tient occupé! Je pige donc dans mes archives pour le billet de ce matin. Je vous donne à lire ce texte publié (avec quelques images et hyperliens en plus…) dans la revue Plaisirs de Vivre il y a presque dix ans...



Strongylocentrotus droebachiensis. Photo: Wikipedia


Amateurs de saveurs nouvelles et de fruits de mer, nous atteignons maintenant les dernières frontières dans la recherche de nouveauté, d’exotisme et d’interdits. Reste-t-il encore quelque aventure de goût pour quiconque a le goût de l’aventure? Que s’ouvrent les abysses!



Diodon holacanthus (fugu). Photos:  Wikipedia et Dinosoria



Amateurs de sushi et de fruits de mer, vous vous êtes laissé tenter par tout ce qui bouge dans l’élément salin. Vous n’avez pas été effrayé par la lotte, vous appréciez la fluidité et le goût iodé des huîtres, l’exocet n’est pas qu’un missile pour vous. Bien sûr, il vous reste toujours le fugu — ou le Diodon holacanthus—, ce poisson de choix aux Philippines et au Japon qui a inspiré ce haïku au poète Buson :

Je ne peux la voir ce soir
Je dois l’oublier
Alors je prendrais du Fugu.
 

Prendre du fugu en l’absence de la bien-aimée ? Les entrailles de ce poisson, capable de se gonfler pour dresser ses épines contre les prédateurs et dont les paupières ont la rare faculté de pouvoir se fermer, contiennent assez de tétrodotoxine pour tuer 30 hommes! Au Japon, on le sert en très fines tranches, disposées en pétales de chrysanthème. La fleur de la mort! Je ne sais lesquelles de ses qualités rendent ce poisson apte à remplacer la belle…




 Dessin: IFREMER


Il existe pourtant des monstres marins nettement plus inoffensifs pour combler notre appétit de chair marine : les oursins de mer. Les petits porcs-épics de la mer, gonflés de façon permanente, cachent sous leur coquille une belle «langue» de chair jaune que l’on sert crue sur une portion de riz et que l’on nomme sushi-uni. Un mets délicieux et aphrodisiaque. Cette chair délectable au goût iodé prononcé se révèle être, en effet, les gonades de l’oursin, ses testicules ou ses ovaires, c’est selon !



 Goûter l'oursin. Photo: Wikipedia


 
Chez nous, plus précisément à Havre-Saint-Pierre, on pêche l’oursin vert, une petite bête rébarbative affublée de l’un des noms latins les plus longs qui soient: Strongylocentrotus droebachiensis. Si le nom écorche, ce n’est rien comparé à sa bouche à cinq dents, une machinerie lourde apte à creuser le roc ou le béton armé, y compris sa propre armature d’acier! Un terrible assemblage de 50 os et 60 muscles assure la mécanique de celle que l’on nomme aussi « lanterne d’Aristote »*. Cet équipement de broutage sert plus ordinairement à déchirer les grandes algues laminaires, sa diète habituelle. Ces petits «herbivores» peuvent transformer, en quelques jours, une forêt de varech en désert. Cela ne va pas sans impact écologique sur ces milieux qui sont de véritables pouponnières pour de nombreuses espèces marines. Certaines algues ont donc développé des moyens de défense chimiques pour se protéger de leurs attaques. Il s’avère que les oursins ne sont pas très friands de ces algues concentrant de l’acide sulfurique dans leurs feuilles. Mais, s’il y a pénurie de verdure, ce cousin des étoiles de mer ne fait pas la fine bouche : il s’accommode fort bien de cadavres de crustacés ou de poissons, ou encore… d’autres oursins!




Photo: Sea Grant
 

Outre ses prédateurs — homards, crabes, poissons ou goélands —, peu de choses peuvent arrêter notre tondeuse pélagique. Seule l’amibe Paramoeba invadens peut l’infecter et le décimer en s’attaquant à ses muscles. L’oursin cesse alors de se nourrir et ne peut plus se fixer aux rochers. L’abatteur de forêts, battu par une bactérie ! L’hécatombe terminée, les grandes algues repoussent en abondance et la population des jeunes homards se reconstitue.


Notre monstre marin est une espèce circumpolaire : il terrorise l’Europe du Nord, la Nouvelle-Angleterre, les Maritimes et le golfe du Saint-Laurent. Il n’épargne pas non plus la côte ouest, allant de l’Alaska à la Californie jusqu’au Japon. Comme le marché de l’oursin au Japon correspond à plus de 90 % de la consommation mondiale, nos spécimens de Havre-Saint-Pierre voyagent donc très confortablement en première classe et ne s’arrêtent malheureusement pas souvent ici.


Depuis les années 1950 et jusqu’aux années 1990, la récolte était plutôt sporadique, mais la demande croissante et la force des prix, couplées à la rareté des crustacés, ont provoqué une augmentation considérable des débarquements dans les Maritimes. L’effondrement de la ressource est déjà un fait dans le Maine et en Californie. On mise donc beaucoup sur la recherche et le développement de l’aquaculture de l’oursin. Il paraît inévitable que d’ici peu il faudra se faire à l’idée en mettant la dent sur ces « langues » qu’elles ne seront plus sauvages, que leur couleur sera stabilisée par du carotène et que de la moulée savante les gonflera. Reste à espérer que ce sera une moulée végétale.


Comme les brutes qui cachent un coeur tendre, la carapace renforcée de l’oursin abrite ses douces gonades. Elles méritent certes ce haïku :



Au centre de ton monde
Je me délecte
Inlassablement, du fruit défendu





 Photo: Project Noah


 

* Aristote, qui écrivit un des premiers traités sur les animaux, choisit ce terme pour décrire la structure interne qui met en mouvement les dents de l’oursin. L’expression est restée, qu’il ne faut pas confondre avec «la lanterne de Diogène», relatant l’histoire de celui qui cherchait l’homme honnête dans Athènes en s’aidant (en plein jour !) d’une lanterne.


Passez de belles Fêtes!




jeudi 27 décembre 2012

Hypernivéalité





 Balcon arrière: c'est blanc.





Fenêtre avant: c'est blanc. Hyper-blanc! Ce doit être à cause des climatiseurs que les voisins ont laissé en place.







Ilya Zomb
























Voyez son site : Ilya Zomb



dimanche 23 décembre 2012

Noël à Anticosti




Je vous souhaite tous, mes chers lecteurs, de passer un beau Noël bien chaud, doux, arrosé et entourés de victuailles et de vos proches. Dans cet ordre!


L'ours vous remercie d'avoir une pensée pour lui...







samedi 22 décembre 2012

Sur les fleurs carnivores






Curieusement l'illustration de gauche (kolorisée par mes bons soins) porte le titre de "man-eating plant". La blonde figure semble bien plutôt avoir des attributs féminins… Ce serait pas plutôt "women-eating plant"? Nous sommes à l'époque de l'oblitération du genre (du "sexe") par le "trans-genre" et autre, pour être korrekt il faudrait dire "human-eating plant". Narrativement ce serait un appauvrissement de titillation et personne n'y trouverait son compte mais curieusement tout le monde serait politiquement satisfait.


Quoiqu'il (doit-on dire quoiqu'elle en soit…) en soit la victime est prise... malgré la méprise. 


La photo de gauche est la fleur d'une plante carnivore du genre Pinguicula. Spécifiquement il s'agit de Pinguicula morenensis. Très facile à cultiver et à reproduire par simple bouture de feuilles. Bien soignée avec forte lumière et engrais azoté la plante est très florifère. J'ai souvent arrondi des fins de mois en préparant quelques dizaines de petit pots sous les florescents… 



Autre montage pour agrémenter votre samedi. (à droite une fleur de Cobée...)



Et ses belles fleurs roses sont très voyantes, éclatantes. Quand un visiteur la voit et que je lui dit qu'il s'agit d'une plante carnivore elle me demande toujours comment la fleur fait pour croquer sa victime. Pourquoi donc ce serait la fleur qui soit la bouche? C'est une autre méprise, après la confusion des genres c'est maintenant la confusion des organes! Ce sont bien les feuilles qui s'occupent d'attraper, d'envelopper et de lentement digérer les petits insectes attirés par le luisant des feuilles.



Mais ce serait un appauvrissement narratif, n'est-ce pas?





jeudi 20 décembre 2012

Sur les toits de Londres



 D'après une photo de Corbis

Femme cueillant des narcisses sur le toit vert de Adelaide House à Londres vers 1930. Édifice à bureau hyper-ultra-moderne-un-peu-Art-Déco à l'époque, son toit vert précède de cinquante ans celui de la Place Bonaventure à Montréal.



Photo: National Geographic 


Pause-thé sur le même toit. Vue sur le pont de Londres, la Tamise et scones!


Photo: Discovering London (cliquez la grande photo!)


Aussitôt le thé et les scones avalés rien ne vaut un peu d'exercice! Maintenant au travail! Le goût des femmes pour les armes à feu est parfaitement British. Entre autre...


  Photo: Discovering London (cliquez la grande photo!)


Les hommes eux, on le sait,  préfèrent des activités plus vertes et verticales! Le toit de Adelaide House était assez grand pour accommoder cette activité virile. (le mec à gauche me fait penser à Mr. Bean)




mercredi 19 décembre 2012

Journée tranquille sur le Mont-Royal







C'est pas un aigle. Mais c'est bien un enfant humain. Montage? 



Rops, Félicien Joseph Victor




Neige à Thozée (1870)



Je croyais bien connaître cet artiste belge. Je ne connaissais pas ce paysage.



mardi 18 décembre 2012

Mauvais garçon: l'Amanite phalloïde



Illustrations: Flora Danica, 1766-1883, et Joseph Bridgham, 1890.


Comme on dit mauvaise herbe il faudra maintenant s'habituer à dire mauvais champignon. Mortellement mauvais...


Originaire d'Europe, l'amanite phalloïde (le mauvais garçon...) se trouve maintenant en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde (Australie, Afrique du Sud, Amérique du Sud). Ce fongus mycorhizien est associé à de nombreux arbres (chênes, bouleaux, pins, etc.). Comme on le trouve aussi sur des châtaigniers et des noisetiers… et que tous ces arbres sont des objets de commerces… le fongus voyage!


Présent sur la côte ouest, de la Californie à l'île de Vancouver, ce champignon n'est pas présent au Québec*. Pas encore! Comme il fait irruption dans deux États voisins (New-York et Maine entre autres) gageons que nous aurons un de ces quatre des cas d'empoisonnements spécifiques (intoxication phalloïdienne)… Le nom commun anglais, Death Cap, vous donne une idée de sa... non-comestibilité!


Photos: Wikipedia

Mais ce n'est pas tout. Il ne faut pas se contenter de voir les effets néfastes possibles sur les humains gambadant dans les boisés avec paniers et chapeaux de paille, gourmands de champignons… Le fongus aura en toute probabilité un impact écologique et économique. C'est que ce champignon, comme de nombreuses autres espèces exotiques, a la faculté de déplacer les espèces indigènes similaires qui sont en symbiose avec les arbres. La productivité de ces derniers risques d'être altérée. Le bilan-carbone des forêts aussi... En Californie on le trouve dans les forêts indigènes mais sur la côte Est on le trouve aussi dans des plantations de sylviculture.

Avec le réchauffement climatique, à ajouter bientôt sur la liste des espèces au Québec: l'Amanite phalloïde, Amanita phalloides, Death Cap.


Mauvais champignon...



*Connaītre, Cueillir et Cuisiner: Les Champignons Sauvages du Québec. Yves Lamoureux, Matthieu Sicard.





dimanche 16 décembre 2012

Heimat Repentigny, addendum




Vue du fleuve depuis le parc Saint-Laurent.

À la demande générale (enfin d'une personne!) je vous montre quelques autres photos faites à Repentigny la semaine dernière. Les photos sont peu retravaillées et... de la main gauche essentiellement, je soigne avec une certaine impatience cette triste tendinite...


Cargo passant dans la voie maritime.
Cette batture occupait autrefois presque tout le rivage du fleuve, entrecoupée, imaginez, par des plages de sable... Sur la toile de Claire Fauteux (voir le billet d'hier) on voit un cargo passer de ce côté-ci de l'île. La peinture date d'avant le creusement de l'autre partie pour approfondir le chenal.


Le Chemin du Roy reliait Montréal à Québec.

Essentiellement cette affiche est à peu près tout ce qui reste de royal par ici...



Repentigny s'épanouie sur un confort à crédit...



L'église de la Purification.



Sur l'affiche sur le côté on lit maintenant "Laser Spa". Aucune idée de quoi il peut bien s'agir! On doit sortir bien propre et totalement épilé j'imagine!



Il y avait un verger de pommiers ici. Plus aucune trace! Et un peu plus d'asphalte à sa place.



Sur le Chemin du Roy (prosaïquement la rue Notre-Dame aujourd'hui). On voit mon (si, si) Orme d'Amérique et derrière le bloc à gauche ce sont les érables argentés de la maison familiale.


Le voici mon Ulmus americana.



Mon séjour comportait le pèlerinage vers la maison où je suis né. Les coquins en ont changé (sans même m'en parler, quel culot!) le nom. La rue s'appelait des Chevaliers, maintenant je n'ose le dire. (en fait j'ai déjà oublié...)



C'est là que j'ai grandi. (je suis né en fait deux maisons à gauche). Des deux sapins que j'ai planté avec mon père il n'en reste plus qu'un seul. Le lilas de ma mère y est toujours par contre! La conductrice de cette Jeep ne m'a pas autorisé à aller photographier les arbres de la cour. Même pas par-dessus la clôture!


Je n'ai donc pas de photos du pommier et du cerisier que j'avais aussi planté...


Bon dimanche!



samedi 15 décembre 2012

Retour à l'Heimat



Parc Saint-Laurent, Repentigny, 13 décembre 2012.

Je suis allé à Repentigny (fondée en 1670) faire une visite dans la famille. J'en ai profité pour faire un peu de photo en me rendant jusqu'au parc Saint-Laurent. Si les quartiers résidentiels sont beaux (des arbres maintenant matures sont partout présents!) il en va tout autrement de la rue Notre-Dame qui est l'ancien Chemin du Roi. C'est assez déprimant!

L'aménagement et l'urbanisme sont affreux et désolants...


Claire Fauteux, peinture à l'huile. c. 1950

Mais je trouverai une autre fois l'occasion de vous faire un rapport plus détaillé. Je vous disais que je suis allé à ce parc Saint-Laurent, vestige du rivage magnifique de la région. C'était dans le but de photographier le bout de paysage que Claire Fauteux avait représenté dans cette toile.


La reconstitution n'est pas parfaite! J'essaierai de faire mieux une autre fois. Peut-être le faire en été? La ressemblance serait alors plus perceptible. Et j'essaierai de mieux choisir le point de vue... Mais ça donne quand même une idée...


Par hasard j'avais reçu quelques jours plus tôt un commentaire sur le billet du 26 janvier 2011 (Mon Heimat) parlant de cette toile. Un certain Michel de Québec me disait que lui aussi possédait une toile de Fauteux. J'espère une photo! Je vous la montrerai alors.


Je ne peux faire guère plus sur le blog, je me dois impérativement de soigner une inconfortable tendinite. Je crois que j'ai abusé de la tablette graphique depuis quelques mois... il est temps que j'améliore l'ergonomie de ma table de travail... Je suis maintenant obligé de faire de drôles de trucs d'un autre siècle: lire des livres imprimés sur des arbres morts. Les travaux avanceront autrement.


Des courts billets à l'avenir, vous êtes prévenus!


Bon samedi!



jeudi 13 décembre 2012

Anticosti





Paysage d'Anticosti. Photo glanée. Merci Mr. Aaron Cote.

mercredi 12 décembre 2012

Zardin joologique



Federico Fellini, E la nave va, 1983

 
C'est aujourd'hui ou le 21 la fin du monde?



Ang Lee, L'Odyssée de Pi, 2012


Faut s'y prérarer. Ramassez vos affaires.



Jan Brueghel l'Ancien, L'entrée des animaux dans l'arche de Noé, 1613
 
Curieux, ya moins en moins de monde à rentrer dans la chaloupe.
 
 

samedi 8 décembre 2012

Meadowbrook: parc nature urbaine et patrimonial 1



Précaution minimale: ce qui suit n'engage personne d'autre que moi. Ce ne sont que mes opinions de dilettante et elles ne sont pas sollicitées. Voilà!


Presque tout le monde est sur cette photo prise lors de la visite des lieux.

Samedi dernier trente-cinq personnes se sont réunies par les bons soins du Conseil Régional de l'Environnement de Montréal à la Maison du Développement Durable. Le bureau d'architectes Catalyse urbaine conduisait une démarche assez exceptionnelle. J'y étais invité à titre de membre des Amis du Champ Des Possibles et en tant que l'auteur de quelques billets portant sur cet espace vert de grande valeur. Vous trouverez tout en bas les liens vers ces billets.

Un peu de blanc sur ce vert.

Le but de la rencontre (une charrette) était de prendre le pouls de divers intervenants et politiciens et d'échanger les idées sur l'aménagement futur de Meadowbrook, un terrain de golf mais surtout un espace vert qui risque encore de passer dans la tendre moulinette du développement. Comble de l'ironie ce sont maintenant des projets de résidences totalement vertes qui veulent venir oblitérer ici la rare topographie d'un paysage historique et une biodiversité peu banale.


Un des ruisseaux sur le site (la Petite Rivière Saint-Pierre)

Les Amis de Meadowbrook méritent d'être salués pour cette détermination hors du commun: depuis 1989 ils sont là pour nous signaler toute la valeur de cet espace. Afin de comprendre les enjeux je vous rappelle ici leur mission:

"Empêcher le développement de Meadowbrook et le transformer en Parc Meadowbrook, un nouveau parc nature de 57 hectares, ouvert et accessible à tous les résidents de l'Île de Montréal et relié par une trame verte à un réseau de parcs dont, notamment, la falaise Saint-Jacques."

En 23 ans le projet a évidemment connu des modulations et des mises à jour. D'un projet de parc nature il s'agit maintenant de faire "un parc nature urbaine et patrimonial". Je suis curieux de voir ce qui sera maintenant absorbé suite à cette charrette, un terme des designers je le rappelle.



Un terrain de golf public privé...

Car il en va toujours ainsi: c'est autour d'architectes, d'architectes du paysage ou d'urbanistes que l'on organise les équipes qui devront produire en deux heures une proposition d'aménagement et un programme. Mon habituelle question est de demander comment il se fait que les équipes ne soient pas centrées sur des biologistes, des écologues, des historiens, des amateurs d'oiseaux ou des naturalistes (ma seule qualification après tout!).

Il est évidemment habituel que la réponse à ma question soit un sourire entendu… La sensibilité au vivant étant jugée une préoccupation mineure, ignorante des véritables et sérieux enjeux urbains et sociaux… Pourtant, s'agissant après tout d'un brassage d'idée sur le devenir d'un espace vert, je maintiens qu'un équilibrage différent serait profitable.


 Organisation des équipes de travail.


N'allez pas croire que je n'ai rien de positif à dire sur cette rencontre malgré tout stimulante. J'y reviendrai. Ce que je dis c'est que si vous voulez faire dans le design, invitez des designers… Si vous voulez faire un espace vert, écologique et fonctionnel, invitez d'abord des spécialistes de ces questions. Et de plus que ce soit eux qui mènent les équipes! Les urbanistes et autres auront alors tout le loisir de tracer les voies d'accès menant à cet espace vert, hors de cette espace… sans s'occuper de questions qui ne sont pas de leurs ressorts!

Malgré la mission des Amis de Meadowbrook et le programme de la journée (dessiner un parc nature urbaine et patrimonial) bien des propositions s'avéraient de véritables bulldozers... verts! Avec les meilleures (?) intentions du monde, sans grande considération même pour les ruisseaux présents…


Au travail maintenant!

La tendance à bouffer de l'espace des parcs publics pour le sport (depuis les années 50) par exemple est une histoire désolante… il ne manque pourtant pas de terrain pour ces activités partout autour de Meadowbrook. Cette pratique d'après guerre à Montréal est aujourd'hui remplacée par une pratique pourtant considérée "verte", je parle de l'actuelle obsession de l'agriculture urbaine. Retrancher de l'espace à Meadowbrook pour faire pousser de la salade? Quel ennui prévisible! Que ce soit la gourmandise d'espace de stationnement de bagnoles (imaginez je proposais de ne pas accorder un mètre carré au stationnement… c'est vraiment irresponsable!) ou l'espace des gourmands de crudité verte, le résultat est le même! Soustraire de l'espace à la biodiversité a toujours été le fait de l'agriculture. Rien de nouveau sous le soleil… le faire maintenant au nom du "vert" est assez assommant! Seraient-il verts et bios notre estomac et notre fine bouche doivent quand même arriver à accorder un peu de place (ou de lieu de représentation si vous êtes impertinent) à la biodiversité et sa rencontre.



Une autre équipe.

En fait les clients à Meadowbrook ce ne sont pas seulement les humains… ce sont aussi par exemple les oiseaux. Et les autres centaines d'espèces qui ont besoin des différents habitats et de voies migratoires ici. Avant d'apprendre à mieux se nourrir il faut d'une part apprendre à réduire, où c'est possible, l'empreinte de nos usages et de nos comportements de consommateurs. Et accorder de l'espace aux autres espèces...



 Les Amis de Meadowbrook.


Curieusement l'impact de l'agriculture urbaine serait une forme douce de green-washing… J'en arrive à croire que c'est non seulement du non-design qu'il faut mais aussi du non-vert…

L'occasion est belle, vu la topographie miraculeusement conservée des lieux, de (re)faire à peu de frais de nombreux habitats: prairies, haies et boisés, ruisseaux et autres milieux humides. Quelques chemins et sentiers. Quelques haltes. Et beaucoup de plantations faites avec tact, sensibilité, science et respect. Les usagers (humains et animaux) viendront...


 
  Et une autre équipe.


Que faire à Meadowbrook? Et si on s'adressait d'abord à la biodiversité et aux nombreux amateurs de nature? Ils sont aussi nombreux que les amateurs de design et de crudités. Ils viendront à pied, en TEC ou à vélo...

Le développement durable sera durable dans la mesure où il est le moins développé!
Eux, ce sont mon équipe.


Vous pensez que l'aménagement d'un espace vert d'abord dédié à la nature et à son expérience sensible est possible en milieu urbain?


J'interromps ici le billet et je vous reviendrai pour la suite avec quelques plans esquissés par les différentes équipes et mes réflexions simplistes. Une tendinite révoltante rend cette rédaction un peu difficile!


Voici les liens vers mes billets précédents sur Meadowbrook:


15 mars 2010

11 novembre 2010

Bon samedi!