mercredi 30 janvier 2013

L'érable à gros sou




Flora Urbana poursuit son enquête multi-dimensionnelle sur la représentation des feuilles d'érables sur les pièces de monnaie canadiennes.




Aujourd'hui nous nous penchons sur le cas d'une pièce rare. Toute en or. Moi j'aime ça, tout en or. Ça brille dans le coffre-fort.



Photo (retouchée): Flickr, chelleshocks


Bon, il y a un niveau d'imprécision dans mon extraction de la silhouette de cette feuille d'érable, mais ça fera l'affaire. Son identité est évidente, il s'agit de l'Érable argenté (Acer saccharinum). Malheureusement l'artiste semble avoir choisi un cultivar atypique de cet érable qui en a de nombreux, quelques-uns avec des feuilles maigrelettes et déchirées (laciniées). Mais pour une fois on a visé à peu près juste, il s'agit bien d'une espèce indigène au Canada. Sauf que pas grand monde pourra constater la chose.


C'est que cette pièce monnaie a la dénomination fantaisiste d'un million de dollars…  

"Une pièce en or pur 99999, d'un poids inouï de 100 kilogrammes et d'une valeur nominale d'un million de dollars… c'était du jamais vu!" 


Je vous croie Madame Monnaie Royale Canadienne! Du jamais vu et ça le restera!





En haut à gauche la feuille de millionnaire et, au centre, une feuille typique d'Érable argenté entourée de cultivars.



Cette pistole cyclopéenne a de nombreux avantages: elle ne défoncera pas vos poches de pantalon, ne se perdra pas entre les coussins de votre divan et videra la fontaine où vous la jetterez pour faire un voeu… et vous ramasserez ainsi les autres pièces qui s'y trouvent. Malin. Pratique. Je suis certain que vous aussi trouverez la vie plus facile avec cette obole canadienne gargantuesque.


"Pourquoi donc la Monnaie royale canadienne a-t-elle produit la plus grande pièce en or le plus pur? Eh bien, parce qu'elle en est capable."

C'est impressionnant.


Notons que c'est l'Érable argenté sur une pièce dorée, intéressant jeu de mots, mais que c'est pas encore le véritable emblème: celui-ci est bien l'Érable à sucre. Celui qui fait du sirop doré. Pas compliqué! 




Plus de détails ici: Monnaie Royalement Canadienne

 

Nous avions entrevu la possibilité d'aller enquêter du côté des timbres canayens mais on nous communique (merci Henri) cet article sur le site de la Maison de l'Arbre au Jardin Botanique. Ils ont manqué l'Érable champêtre sur la pièce d'un cent mais par ailleurs c'est assez complet. Ce dossier timbré est donc expédié. Mais j'ai autre chose sur la monnaie.



NB: Si vous avez remarqué sur certains billets récents je vous invite à partager sur vos réseaux sociaux un billet qui vous intéresse. Le billet sur le sou noir a été partagé 16 fois sur Facebook, Twitter, etc. Ce sont autant de nouveaux lecteurs. Je vous remercie! Partagez!




mardi 29 janvier 2013

Anticosti




Photo René Bourque



Eau claire. Froide… Baignade, rivière Bourque, Anticosti!



Le site de René Bourque: Anticosti Photos




lundi 28 janvier 2013

L'arnaque de l'érable




La brillante pièce se ternie avec le temps: naissance de la cenne noire...


Voici une suite à mon billet sur de la feuille d'érable apparaissant sur les nouveaux billets de dollars canadien. (voyez ici) Je vous entretiens aujourd'hui d'une autre feuille d'érable, celle poinçonnée sur la pièce de un cent de la monnaie canadienne. Pardon: la Monnaie Royale Canadienne.

De quelle espèce d'érable s'agit-il? La question m'est suggérée par Henri Lessard (son blogue ici) dans son commentaire sur le billet de vendredi dernier. Quelle espèce d'érable est donc représentée sur cette pièce? Flora Urbana enquête! 


Tout d'abord notez que c'est le cas d'une espèce en voie de disparition.
En effet la pièce de cette dénomination n'est plus produite et se fondera dans le décor… éventuellement! On n'en fabrique plus à la Monnaie Royale Canadienne et la distribution des stocks cessera ce 4 février. Son nom: le cent canayen, aussi connu sous les noms de sou noir, simplement sou ou familièrement: la cenne et surtout l'adorable cenne noire.



Extraction exacte de la feuille


Nous avons tous (par ici du moins) dans les poches et sacoches (et divans…) quelques cennes noires et en avons manipulé des milliers et des milliers. Examiner une chose aussi familière, banale et commune pour chercher du nouveau est donc peut-être futile. L'emblème national du Canada est la feuille de l'Érable à sucre (comme sur notre drapeau) alors il va de soi que la feuille apparaissant sur le cent canadaien soit la feuille de celui-ci… Ben non!


Notez que le bout de rameau et les deux feuilles tamponnés sur la pièce est le même dessin depuis 1937. Le revers a changé, lui: on a eu trois monarques je crois bien...


Premier constat de mon analyse hyper-performante, cette feuille ne ressemble à aucune des espèces indigènes au Canada. C'est troublant. Afin de découvrir de quelle espèce exotique il s'agit, peut-être est-il utile de voir d'où vient le dessin? Qui en est donc l'auteur?



La feuille de l'Érable champêtre est variable mais l'air de famille est évident.



C'est l'artiste anglais George Kruger-Gray qui a fait le dessin qui apparaît sur cette pièce. À l'évidence il ne connaissait pas du tout les espèces canadiennes! Il n'était pas un botaniste mais un spécialiste de l'héraldique. La stylisation est de mise dans cette discipline… Mais comment a-t-il pu styliser une feuille d'érable qu'il n'a jamais vu? Probablement en s'inspirant des espèces présentes en Angleterre! Mon attention se porte vers une espèce commune en Europe mais bien rare par ici: l'Érable champêtre (Acer campestre). Je signale aussi qu'il nous montre une disposition alterne des feuilles sur la branche. Les érables, on le sait j'espère, ont une disposition opposée: les feuilles sont attachées au même niveau de la branche. 




Les autres espèces canadiennes. Voyez ce billet précédent: L'Affaire de la Feuille



Du travail assez approximatif... mais durable et reproduit des centaines de millions de fois! Nous avions tout ça sous les yeux!


Les résultats calculés par mon Superbe-Hordinateur: il s'agit positivement de l'Érable champêtre (intervalle de confiance à 99,9 %). Scandale! Depuis 1937 nous avons le mauvais emblème national-botanique-royal sur nos cennes noires! C'est sans aucun doute la plus grande fraude monétaire et artistique de l'histoire! Je comprends maintenant que l'on veuille faire disparaître la cenne noire…



On s'est fait rouler! Nous sommes vraiment une royale colonie! 



PS: vous aimez ce billet? Partagez sur vos réseaux sociaux! C'est ma source de cennes noires...



samedi 26 janvier 2013

Pour l'eider de l'Île-aux-Lièvres






L'Île-aux-Lièvres est en face de Rivière-du-Loup au beau milieu du fleuve Saint-Laurent. Avec ses 13 kilomètres de long et entourée d'une batture de 300 hectares l'endroit est un habitat important pour la nidification de l'eider à duvet.




Photo: ileauxlievres.com

 

Alice au beau pays de l'eider et du lièvre... Je rêve déjà à l'été...





Et ce site: Île-aux-Lièvres




vendredi 25 janvier 2013

L'affaire de la feuille tachée




Cachez cette feuille!


 
Quoi? La mauvaise feuille d'érable? L'Érable à sucre (miam), c'est pas l'emblème du Canada? Ils se seraient trompé les gailurons! Mauvaise presse pour la Banque du Canada. Flora Urbana enquête.


Au Canada et ailleurs on a beaucoup parlé de ces nouveaux billets de banque à l'épreuve de toutes les contre-façons: infra-minces en polymère de molybdène, impression truc 3-D, boutons-braille. Il ne manque que l'odorama: on n'a malheureusement pas réussi à imiter l'inimitable odeur de l'argent. Ces prouesses en technologies d'impression pour la lutte anti-contre-façons auraient peut-être impressionné toute la planète mais voilà que ces coupures de $20, $50 et $100 arborent, dit-on, la mauvaise feuille d'érable. Et ce n'est que de cela que l'on parle. 



Extraction exacte de la feuille litigieuse.


J'étais à Anticosti (?) la semaine passée et je n'ai pas réagi tout de suite n'ayant pas vu ces billets (je n'utilise que des aureus pour mes transactions courantes). De plus, avant de pouvoir vérifier la chose, je devais mettre à jour mon ordi et mes logiciels de phyllométrie fractale (voyez mon installation ici). C'est pas simple. Mais ça performe! 


Les calculs, qui ont été un peu longs, confirment ce qu'on a dit à la tonne: au lieu d'une feuille d'Érable à sucre (miam… 'scusez, je peux pas m'empêcher…) on a mis une patente verte d'un autre pays! Pas "native" disent les journalistes au langage précieux. Plutôt que Acer saccharum, espèce indigène donc, on a mis une feuille de Acer platanoides, l'érable de Norvège (Érable plane pour les européens). Une espèce exotique et "invasive". Remarquez les Norvégiens s'en foutent complètement eux. Ils la jouent sûre et mettent des flocons de neige sur leurs billets de Krone. C'est malin, il y en a pas deux de pareils y paraît. Pas de risque d'erreur pour la banque de Norvège mais les faussaires norvégiens (déjà réputés les fossoyeurs des faussaires) apprécient sûrement…




Comparez A. platanoides et A. bancus-canadensis. C'est comme semblable, non?


J'ai réuni ici la plupart des espèces d'érables présentes au Canada. Indigènes ou pas. Vous pouvez juger de la troublante dissemblance de la feuille apparaissant sur nos nouveaux billets et celle de notre miam-miam national.


Pour être clair:

Acer saccharum: Érable à sucre (miam...)
Acer platanoides: Érable de Norvège (royaumes des faussaires de flocons)
Acer bancus-canadensis: la bourde de notre Banque du Canada.



Le plus fidèlement possible j'ai copié la feuille litigieuse. Vous la voyez ici parmi ses consoeurs, tout à côté de l'Érable de Norvège (A. platanoides). À part les longues pointes sétacées (comme des fils) qui terminent les lobes et dents on dirait bien la même espèce...

La feuille de notre Érable à sucre (miam…) possède ordinairement trois lobes principaux. Mais des fois il y en a presque cinq, les supplémentaires à la base étant quelques fois un peu plus développés. Trop de sucre probablement. Mais pas de longues pointes sétacées...


Clairement la feuille qui se rapproche le plus de celle sur les nouveaux billets est la feuille de l'Érable de Norvège. La Banque du Canada nie l'erreur et affirme plutôt qu'il s'agit d'un mélange stylisé des espèces canadiennes afin de ne pas paraître avoir un biais régional (lire: éviter une espèce de l'Est du Canada… même si c'est l'emblème national). 


Donc: Out, l'Érable à sucre! (miam… oups!). Mais pourquoi?







On le sait le divin sirop canadien fédérateur n'est plus celui de l'Érable à sucre mais, combien plus précieux, celui du sirop de sable. Et les sables c'est en Alberta. Fini cette ancienne couleur maladivement dorée. C'est le brun sale ou le noir pas clair dorénavant qui met du beurre sur la table. Les norvégiens l'ont compris! 


Ah! Le beau Nouveau-Kanadéa et sa douce Political Korrectness! Viser si juste que le coup ne part pas... il reste gommé!




PS: vous aimez ce billet? Partagez! C'est ma source d'aureus...

 



mardi 22 janvier 2013

Le Cénotaphe de Rousseau





Gravure: Jean-Michel Moreau , 1778. Taille douce, eau-forte, burin. 


Un cénotaphe est un monument de commémoration d'un mort, sans le mort. Une double absence. La dépouille de Jean-Jacques Rousseau ne repose pas ici. Initialement son corps s'y trouvait bien (à sa mort je veux dire…) mais il a été ensuite déplacé au Panthéon à Parigi


Le monument funéraire est sur une île dans le parc d'Ermenonville (département de l'Oise) appartenant alors au marquis René de Girardin qui a dessiné lui-même ce grand ensemble paysager en s'inspirant des parcs anglais. On faisait alors un parc comme un tableau et c'est avec les conseils de nul autre que le peintre Hubert Robert que Girardin a transformé les alentours. C'est d'ailleurs ce peintre qui a dessiné le tombeau de Rousseau.




"Ce n'est donc ni en Architecte, ni en Jardinier, c'est en Poëte & en Peintre, qu'il faut composer les paysages, afin d'intéresser tout à la fois, l'œil & l'esprit".* Et les sens j'ajouterais… les peupliers ondulant au vent, la brièveté de notre passage devenant tout à coup si sensible...


L'île est peuplée de peupliers. C'est un des aspects intéressants du Peuplier noir ou de Lombardie: son utilisation dans les cimetières ou autres lieux de mort. Ces arbres sont autant d'obélisques verts et vivants. Je n'ai pas terminé ma recherche sur l'utilisation de cet arbre mais à Ermenonville
c'est certainement un exemple hâtif. L'arbre n'était en effet arrivé en France que quelques années auparavent.


Photo: Flickr, Par Kinryuu_JFJ


Plus généralement ensuite sa forme de plume allongée ou de flèche vers le ciel se prêtait aisément à l'utilisation par les architectes et jardiniers. Il était en quelque sorte un élément de transition entre la géométrie architecturale et le paysage.


À Montréal comme ailleurs, planté le long des routes et des chemins, le Peuplier de Lombardie les transformait en voies ombragées certes mais qui simulaient aussi un corridor. Les approches (et les sorties) de la ville devenaient ainsi des galeries (ouvertes) d'un château: la cité s'étend.





La page Wikipédia sur le "Parc Jean-Jacques Rousseau" me semble si complète que  je ne peux que vous y référer. 


*De la composition des paysages, ou Des moyens d'embellir la nature autour des habitations... Lisez le marquis René de Girardin chez Gallica.



  

samedi 19 janvier 2013

Anticosti à Redpath






L'étiquette dit: Megaloceros hibernicus mais je demande si on ne dit pas plutôt Megaloceros giganteus?  Quoiqu'il en soit l'animal est disparu il y a environ 11,000 ans.







J'ai fait ces clichés hier alors que je m'étais rendu au Musée Redpath pour y photographier des fossiles provenant de l'île d'Anticosti. Je vous les montrerai à une autre occasion et dans un autre format*...



Trouvez d'autres photos, ici et ici.




*je n'annonce rien là...




vendredi 18 janvier 2013

Pas de trace






Traces dans la neige vues au Champ des Possibles. Quel animal est donc passé par ici? Pister des traces de bêtes sauvages, c'est le pied!






Mais de quel animal s'agit-il? Ours? Orignal? Grenouille? Nâaaaa....






Éléphant? Hippoppottammusse? (tout est en double avec cette bête).




Après tout il y a déjà eu des éléphants à Montréal*. Tout un tas!




Suivez mon avis: ne suivez jamais la trace d'un Hippoppottammusse. Il ne grimpe aux arbres, ne laisse que rarement des traces dans la neige mais vous risquez de voir double!




*16 mai 1967, rue Saint-Antoine. Louis-Philippe Meunier. Archives de la Ville de Montréal



 

mercredi 16 janvier 2013

Ptéléologie, précisions...




Ci-haut: l'Orme d'Amérique a des bourgeons bien gras, densément répartis sur les rameaux.




Je vous montre un détail d'une photo publiée samedi dernier (ici). Il s'agit de l'orme de la rue Desjardins à Maisonneuve. Au signalement de Charles L'Heureux Esquire, j'y étais allé pour vérifier l'identité de l'arbre qui pouvait bien être un autre Orme champêtre. Eh oui! Il se trouve à Montréal deux comiques qui traquent ces arbres. Si vous êtes en Europe la chose peut vous sembler banale (à voir et à identifier!). Mais par ici c'est un arbre très peu connu... dont la présence n'est apparemment pas documentée. Comme le Frêne commun (Fraxinus excelsior) il est oublié...


À examiner l'arbre, j'étais arrivé à la conclusion suivante: malgré l'allure générale de l'individu, inhabituelle, et la présence de nombreuses excroissances épicormiques, ça semble bien plutôt un Orme d'Amérique. La taille des bourgeons et, surtout!, leur densité sur les rameaux sont assez caractéristiques de ce dernier. Je n'ai pas réussi à attraper une branche mais la photo rend ces derniers caractères bien visibles.


À la même échelle à gauche un rameau de Oc (Château Dufresne) et à droite de Oa (parc Morgan)



Chose promise, chose dûe! Une fois n'est pas coutume… je vous annonçais des photos de rameaux d'ormes prises en studio. Les voici ci-haut! Rapidement (enfin, relativement…) je vous ai fait ces planches semi-finies. Mais elles feront l'affaire: il s'agit de distinguer l'Orme champêtre (Oc) de l'Orme d'Amérique (Oa, Ulmus americana). Les bourgeons sont plus grands chez Oa. C'est surtout que la plupart de ceux que l'on aperçoit sont des bourgeons de fleurs… Ce sont les bourgeons rondelets sur la photo. Les bourgeons de feuilles (au sommet des branches) sont bien plus petits. Les ormes fleurissent tôt et les bourgeons sont prêts dès l'automne. Observer les rameaux d'hiver des Ormes est donc bien utile. 




À gauche (Oc) parc Jeanne-Mance. À droite (Oa) Boul. Édouard-Montpetit.


Vous aurez noté que je ne donne pas de nom latin pour l'Orme champêtre… celui-ci est un nom de convenance (probablement correct, mais imprécis) utilisé en attendant une étude plus avancée de ces ormes exotiques que l'on trouve à Montréal. La nomenclature et la taxonomie sont confuses, surtout quand on a autant de références (historiques et contemporaines) de Grande-Bretagne que de France ou d'Amérique… et que personne ne semble d'accord! Je dis donc: Orme champêtre!*

Les spécimens de rameaux de l'Orme champêtre présentés aujourd'hui proviennent des arbres devant le Château Dufresne. Ceux de l'Orme d'Amérique ont été prélevé sur un jeune sauvageon dans le parc Morgan, pas loin de la bibliothèque dont je vous ai parlé samedi dernier.


Voilà! nous progressons dans la connaissance de ces Ormes remarquables qui viennent d'ailleurs et dont personne ne semble parler!




*Et merci à Charles L'Heureux de m'avoir poussé cette idée!






mardi 15 janvier 2013

L'hibou boudeur








Bon, il ne boude pas. Mais il ne veux rien savoir!

N'empêche que c'est chouette... 






Ptéléologie à Maisonneuve, suite




Un alignement d'Ormes champêtres d'ormes lisses (Ulmus laevis) devant le Château Dufresne (1918) à Montréal. Nous sommes sur la rue Sherbrooke, de biais avec le Jardin Botanique.



Quelques vues rapprochées montrant l'écorce et les croissances épicormiques sur l'arbre au centre. Comparez avec l'écorce de l'Orme de la rue Desjardins publiée samedi dernier: les lanières sont plus courtes, les crevasses moins profondes et l'ensemble de la texture est plus "floconneuse". À défaut d'une meilleure description! Je vous montrerai les photos des rameaux prises en studio.

La distinction entre cet orme et l'Orme d'Amérique sera plus claire.



Le voici le "Château" Dufresne.

Photo: Wikipédia.

Il ressemble en effet au Petit Trianon (1769).


Et en terminant, depuis le Château Dufresne, une vue sur le dôme du marché Maisonneuve et, au loin, quelques-uns des montagnes montérégiennes.



samedi 12 janvier 2013

Ptéléologie à Maisonneuve



Le grand orme sur la rue Desjardins.
 

Ptéléologie, comme dans "étude des ormes"... Oui, l'étude des ormes est assez difficile pour se mériter un terme précis. Dans la région nous n'avons que trois espèces d'ormes indigènes. Mais du côté de l'horticulture il y a de nombreux ormes exotiques qui ont été planté à Montréal et autour. Nous connaissons bien l'Orme de Sibérie (Ulmus pumila) massivement planté sur les trottoirs depuis les années 1970. Au tournant du siècle (l'autre tournant, entre 1880 et 1915 environ) on plantait toutefois d'autres espèces, cultivars et hybrides. Pour ceux-ci j'ai bien une centaine de noms disponibles! 


Tout ce que je peux dire pour l'instant c'est que l'identification de ces arbres exotiques tourne autour de l'Orme champêtre et ses infinies déclinaisons... Bien qu'il est beaucoup plus rare, on trouve aussi l'Orme glabre (Ulmus glabra) qui se reconnaît plus facilement, ses rameaux lisses portant de gros bourgeons presque noirs qui sont caractéristiques et stables, toujours présents. Nous utilisons donc le nom d'Orme champêtre pour tout ce qui n'est pas un orme indigène, l'Orme glabre ou l'Orme de Sibérie.


C'est tout simple...



Notre orme se trouve derrière l'édifice de la bibliothèque, sur la rue Desjardins.


Pour trouver ces ormes champêtres, il faut d'abord localiser des édifices publics construits ou des parcs aménagés dans la période mentionnée. Ce qu'on plantait c'était les arbres alors en vogue, appréciés des architectes et des horticulteurs ou culturellement signifiants. À l'évidence les ormes européens avaient la faveur. Il en reste encore ici et là. Ce sont donc habituellement des arbres centenaires que nous trouvons.


Sur le signalement de Charles L'Heureux je suis allé dans le quartier de Maisonneuve (arrondissement d'Hochelaga-Maisonneuve). Il y a trouvé un orme exotique à côté de la bibliothèque. L'édifice était à l'origine l'Hôtel de Ville de l'ancienne Maisonneuve, depuis longtemps fusionné avec Montréal. L'édifice date justement de 1912.


Vues rapprochées de l'orme de la rue Desjardins.
 

Ces nombreux bourgeonnements sur le fût divisé se nomment des croissances épicormiques. Ces croissances sont assez ordinairement présentes sur l'Orme champêtre. Mais il arrive qu'on trouve chez l'Orme d'Amérique! Combinées à la situation "tournant du siècle" et "édifice public" elles sont probablement ce qui a mis la puce à l'oreille de Charles. Mais le détail à droite nous montre une écorce se rapprochant de l'Orme d'Amérique (Ulmus americana), en lanières longues s'entrecroisant quelque peu. Enfin, elles sont plus longues que ce que je connais de l'Orme champêtre... 


Comparez avec cette photo de L'Orme champêtre du Parc Lafontaine: ici


Quel est donc cet arbre relevé par Charles? Tout ça n'est pas très déterminant! Que peut-on apprendre de plus sur ce spécimen?





Il nous faut examiner un rameau et ses bourgeons! Pas de chance, malgré ma super-perche attrape-bourgeon je n'ai pas réussi à prélever un échantillon afin d'examiner et de comparer les bourgeons. Il manquait quelques 30 ou 40 cm pour atteindre les branches retombantes. Grrr! Mais les bourgeons me semblent bien gras, plus près de l'Orme d'Amérique... 


Alors de quel arbre s'agit-il?


Encore une fois ce seront les samares ce printemps qui permettront l'identification. Et comme les samares se jettent volontiers sur les passant et les ptéléologistes en herbe, j'aurais pas besoin de ma super-perche attrape-bourgeon...



Bon weekend!



jeudi 10 janvier 2013

Ils sont là!!!!




"Nous te saluons, être suprême vert!"



Une plante venue de l'espace contrôle le mental des humains. Ils deviennent des Sombies zerviles. Comment les identifier? Un des effets secondaires serait une légère dislexye-disorthographye accompagnée d'une forte compulsion de saluer tout représentant de la nouvelle race dominante.


Quelle est cette plante qui asservit lumanité? Non, il ne s'agit pas du chocolat ou du quinoa, il s'agit du nouveau commandant sûprème: la Berce du Caucase.


Saluez respectueusement ou vous êtes cuits!



Voyez plus de photos de cette reine royale chez Delphine





mercredi 9 janvier 2013

Rayons anticrépusculaires





Photo: Bram Verbaas.


Photo: Wojtow (Wikipedia)


Photo: John Britton

Photo: Vincent Favre



Remarquez l'ombre du photographe sur la première photo: il fait dos au soleil couchant. On voit son ombre projetée sur le chemin. C'est le cas lors de la prise de toutes ces photos où les rayons lumineux convergent* au point opposé du soleil. 


C'est vraiment anti-quelque chose.



*semblent converger... pour une courte wiki-explication: 

Et ici (en anglais avec plusieurs photos): Atoptics


 
 

lundi 7 janvier 2013

Bog Oak




Chêne enfoui depuis 5,000 ans: précautions... Photo: BBC
 

Dans le Sud de l'Angleterre (East Anglia) il y a environ 7,000 ans le niveau de la mer qui montait a inondé ce qu'on appelle le Fenland, un territoire à peine au-dessus du niveau de la mer ressemblant aux Pays-Bas. Des tourbières se sont formées et les conditions anaérobiques et la nature chimique du sol ont transformé ces arbres, leur donnant cette coloration brun fonçée ou noire.


Les planches sont faites sur place. Photo: BBC


Suivant l'inondation, les arbres sont tombés entiers, leurs sommets branchus plus fragiles ne survivant pas au long processus d'enfouissement dans le sol humide. Le résultat est souvent de longs fûts plus ou moins intacts que l'on conserve quelquefois pour une utilisation en ébénisterie. On en fait aussi quantité d'objets: depuis des pipes jusqu'au boutons ou des cannes.



Broches Victoriennes, 1860-1890. Souce: Morning Glory Antiques.

 
On dit Bog Oak ("chêne de tourbière") mais en fait il ne s'agit pas seulement de chênes (genre Quercus, surtout Quercus robur, English oak, Chêne pédonculé) mais aussi de pins (Pinus) d'if (Taxus) et de quelques autres espèces.


Une table contemporaine fabriquée par Adamson and Low cabinet makers.


Les presque fossiles sont fragiles et la difficulté est de trouver une méthode qui permet un séchage lent et régulier afin d'éviter la refente. Le tronc ici fait 44 pieds et on veut en faire une grande table qui sera exposée dans un lieu public, question de mieux faire connaître cette ressource patrimoniale.



Plus d'info: