jeudi 30 mai 2013

Le parfum de l'envahisseur



 Nerprun cathartique (Rhamnus cathartica, Common Buckthorn)


Menace des milieux naturels, envahisseur exotique, conquérant des habitats précieux, force d'occupation indélogeable...




...mais vous avez senti ce parfum?




mercredi 29 mai 2013

L'Orme lisse au parc Jeanne-Mance



Au centre: un des Ormes lisses centenaires du parc Jeanne-Mance.


Il y a une dizaine de jours je vous parlais de la présence de l'Orme lisse (Ulmus laevis, European White Elm) au parc La Fontaine (ici). Mais cet arbre peu connu se trouve aussi au Château Dufresne et au parc Jeanne-Mance. Je mentionne tout de suite que cette recherche ptéléologique est une collaboration avec mon ami Charles L'Heureux.

À Jeanne-Mance, il y a deux semaines, avec l'aide de Barry Michalshyn, je suis allé voir tous les ormes suspects identifiés l'automne dernier dans le tiers Nord du parc. J'ai échantillonné tous ces spécimens (samares et les feuilles, je possédais les bourgeons d'hiver dans quelques cas). Résultat: il n'y a pas d'Orme d'Amérique au parc Jeanne-Mance!

Pas dans le parc en tout cas! J'ai bien trouvé un Orme d'Amérique sur la rue Esplanade, tout juste devant le parc, mais pas dans le parc lui-même. L'Orme d'Amérique (Ulmus americana, White elm) a probablement déjà été présent dans le parc et ce serait un rejeton que nous trouvons de l'autre côté de la rue aujourd'hui.

Samares de l'Orme lisse (même spécimen que ci haut)


L'inventaire des arbres publics de la Ville de Montréal ne mentionne que l'Orme d'Amérique sur le parc. Outre qu'il ne se trouve pas dans la section examinée, on y trouve DEUX autres espèces*! Cela ne semble pas documenté.

Il est à noter de plus que j'ai trouvé un spécimen un peu ambigu dans la ruelle à côté du parc. Il semble intermédiaire par certains caractères mais possède les longs pédicelles de la samare: une bonne marque de l'Orme lisse. Ces deux ormes sont en fait de proches parents, partageant la même section dans le genre Ulmus: la section Blepharocarpus (Ormes à samares ciliées). Les samares sont assez semblables mais on arrive (dans la plupart des cas!) à les différencier. Dans la Flore Laurentienne, Marie-Victorin souligne cette parenté:


"L'orme d'Amérique appartient au groupe des Ormes à samares ciliées, et semble être le pendant américain de l'Ulmus laevis d'Europe"


Feuilles de l'Orme lisse (même spécimen)


La diversité des arbres de nos parcs publics est imparfaitement connue. S'agissant d'une espèce emblématique menacée par la graphiose (la maladie hollandaise de l'orme) il est important de bien identifier l'Orme d'Amérique. Dans le coin du parc Jeanne-Mance ses effectifs sont bien moins importants que l'on pense!

D'autre part il est intéressant de noter que le discret et oublié Orme lisse se propage spontanément: un spécimen de la rue Esplanade lui correspond. Ce qui signifie que l'on peut ajouter son nom à la liste de la Flore du Québec, l'arbre est naturalisé et produit des samares fertiles...

Charles a mesuré l'arbre-même présenté ici et il propose ce spécimen d'Orme lisse faisant 280 cm de circonférence au titre de champion québécois de l'Ulmus laevis au Québec. Le répertoire des arbres remarquables du Québec publié en 1994 avait omis de parler de ces ormes méconnus venus d'Europe.

Voyez ce billet du 2 mai 2013: Les ormes du parc Jeanne-Mance
 

*J'y reviendrai...



mardi 28 mai 2013

Robinier de rue




M'en allant direction le mont Royal et le parc Jeanne-Mance j'ai été un peu surpris: on a planté ces arbres coin Duluth/Clark l'année dernière et il me semble que c'est bien tôt cette floraison rose?



L'arbre est nommé Robinia pseudoacacia 'Purple Robe'. D'après mes observations les fleurs de l'espèce Robinia pseudoacacia n'ouvrent que bien plus tard, fin juillet-début août (j'ai noté le 12, mais c'est peut-être atypique). L'espèce proprement dite (pas ce cultivar rose) est naturalisée et on la trouve un peu partout dans les friches. Elle produit de beaux racèmes de fleurs blanches parfumées visitées par les abeilles. Sur des terrains privés ou publics où on cultive l'arbre de la famille des Fabacées, il n'est pas rare de trouver des sauvageons autour.



Robinia pseudoacacia 'Purple Robe' est peut-être un hybride avec Robinia hispida (Acacia rose, Rose locust) originaire du Sud-Est des États-Unis. Si c'est le cas le nom Robinia pseudoacacia 'Purple Robe' n'est pas le bon et est botaniquement invalide. Ce serait plutôt Robinia x margaretta Ashe. En horticulture les plantes perdent souvent leur pedigree et les conventions de nomenclature ne sont pas toujours respectées. 



Notons qu'en botanique toujours, hispida (hispide) veut dire: "couvert de poils rudes" et que le racème de l'inflorescence de notre 'Purple Robe' est justement pubescent. Ce n'est pas le cas avec Robinia pseudoacaccia: ils sont glabres. Avec la floraison hâtive, c'est peut-être une indication de l'origine hybride de notre arbre.

Quoiqu'il en soit contre ce magnifique ciel bleu fin mai-début juin, le plus beau qui soit, l'effet est assez charmant, non?



lundi 27 mai 2013

National Geographic, 1929



Photo: Edwin L. Wisherd


Des scarabées de la famille Scarabaeidae



dimanche 26 mai 2013

Saulaie à Boucherville



Photo: Philippe Courchesne


Par le Facebook d'un ami j'ai trouvé cette photo si extraordinaire que je vous la partage ici. C'est à Boucherville. À côté de Montréal, sur la Rive-Sud…

Saulaie, comme dans habitat du saule. Quel beau site naturel! 


Trouvez ici le site web de Philippe Courchesne


Merci Philippe!

samedi 25 mai 2013

Le biocorridor du mont Royal



 Le mont Royal en 1947 et de nos jours (Archives VDM et Google Earth)
 

Cela avait été une sérieuse gaffe de percer le mont Royal pour y faire ce boulevard Camilien-Houde. Curieusement on avait gardé un pont de roc (présent entre les traits rouges ci-haut) qui permettait de passer du sommet du mont Royal au sommet Outremont. C'est là que se trouve le cimetière Mont-Royal. (n'oubliez pas la visite guidée par Jerry ici)



Localisation du pont naturel disparu (Google Street)

Une gaffe en amenant une autre, on a ensuite démoli (quand donc?) ce passage tout en hauteur. Aujourd'hui on appellerait cela un biocorridor et une sacré belle promenade! Avec vue sur la ville et, bon, sur les bagnoles en bas...



Photo: Réal Duval

Nous avons perdu le pont de roc mais nous gagnons autre chose. Mes échanges avec Réal Duval (ici) se poursuivent: il m'a envoyé la photo d'une autre découverte sur le mont Royal: la Clématite occidentale (Clematis occidentalis, Western blue virginsbower).

Celle-là je l'attendais vraiment pas. Une belle trouvaille. En latin on dit: cool!



Bon weekend!


vendredi 24 mai 2013

Les arbres du Cimetière Mont-Royal



Un de magnifiques Chênes rouges (Quercus rubra, Red oak) du site.

Un des deux grands cimetières sur le mont Royal, le cimetière protestant Mont-Royal est en plus un très intéressant arboretum. Le lieu de sépulture a été aménagé en 1852 dans le style paysager alors en vogue. C'est tout comme un bout de campagne… Et il y avait justement des fermes ci-haut autrefois. Certains arbres plus que centenaires datent de cette époque agricole alors que d'autres remontent peut-être encore plus loin, du temps de la forêt d'origine du mont Royal. Ce sont donc d'intéressants vestiges.



 Jerry (tout à gauche) et un groupe de montagnards, mai 2011.

Marquez votre agenda: le 8 juin il y aura une visite commentée du site. Le guide sera Jerry Bull, spécialiste des arbres, avec qui j'ai eu le grand plaisir de donner une visite au Mont Royal. Nous remplacions Bronwyn Chester qui était malade à l'époque.

Évidemment bien des arbres ont été plantés depuis et la diversité est grande. Je ne parle même pas des oiseaux! Ne manquez pas le Métaséquoïa de Chine (Metasequoia glyptostroboides, Dawn redwood) de Ernest Henry Wilson. Et tant d'autres arbres remarquables.




Et, oui, même les arbres meurent au cimetière! Ci-haut lors d'une visite au cimetière avec Charles L'Heureux et des compagnons (octobre 2008) nous avons eu la chance de voir ce grand Micocoulier occidental (Celtis occidentalis, Hackberry, à gauche) champion des champions, aujourd'hui disparu.

Jerry vous fera voir par contre le beau Pin blanc (Pinus strobus, White pine) qui est lui, en pleine santé!


Pour votre agenda:

Visite guidée
Samedi, le 8 juin 2013  à 13 h
« Les arbres au printemps »
Commentée par Jerry Bull, guide expérimenté des arbres

Cimetière Mont-Royal
1297 Chemin de la Forêt
Outremont H2V 2P9
Tél: (514) 279-7358
www.mountroyalcem.com



mercredi 22 mai 2013

Le Champ des Possibles prouvé!






Ce matin j'étais à la conférence de presse annonçant la protection de cet espace vert habitat de la biodiversité. Lieu de rencontre entre les humains et le reste de la nature...

Extrait d'un communiqué de presse:

"L'arrondissement du Plateau-Mont-Royal a signé une entente de partenariat avec les Amis du Champ des Possibles pour la valorisation de l'ancien terrain industriel, désigné espace naturel. Possession de la Ville, cet espace vert jadis voué au développement est désormais protégé à perpétuité par un changement de zonage. L'organisme citoyen qui a mené la bataille pour la reconnaissance du Champ des Possibles est chargé de sa cogestion."





Ci-Haut: le maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, M. Luc Ferrandez, Richard Ryan, Conseiller d’arrondissement, district Mile-End et le président du conseil d’administration des Amis du Champ des Possibles, Benoit Delage.

"La notion de biodiversité en milieu urbain et l'idée de cogestion d'un espace public sont deux concepts innovateurs. Il est réjouissant que les élus et les fonctionnaires de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal aient soutenu les initiatives citoyennes proposées au cours des dernières années. C'est un grand jour pour tous ceux et celles qui y ont cru! » a mentionné Benoit Delage, président du conseil d'administration des Amis du Champ des Possibles"



Sur la photo: une partie du Conseil d'Administration des Amis du Champ des Possibles et des élus.

"L'entente entre l'arrondissement et l'organisme à but non lucratif (OBNL) fera du Champ des Possibles un lieu unique d'expérimentations novatrices en matière de développement durable et de pratiques liées à la préservation du caractère historique et naturel du milieu.

Avec ses 14 171 m2, le Champ des Possibles occupe près de deux fois la superficie d'un terrain de soccer. « Qui aurait cru qu'il restait de la place au milieu de notre intense activité urbaine pour de nouveaux espaces verts? Que l'annonce soit faite en cette Journée internationale de la biodiversité est particulièrement significatif », a conclu Luc Ferrandez."



Quatre ou cinq ans de mobilisation porte fruit!

À tous ceux impliqués dans ce projet: les Amis du Champ des Possibles mais aussi les élus et fonctionnaires de l'Arrondissement qui ont livré la marchandise:

Un grand bravo!

Et maintenant? Vous voyez cette voie ferrée? Ça vous dit de verdir tout ça? Faire un biocorridor c'est aussi ça l'idée du Champ des Possibles. Transformer les espaces vacants et les réunir. Et conserver notre canopée verte!


Il y a cette friche devenue un boisé au coin des rues Beaubien et Saint-Urbain. C'est à côté à vol d'oiseau du Champ des Possibles. Cette promenade verte a malheureusement été rasée par le propriétaire, sans l’autorisation de l’arrondissement Rosemont-La-Petite-Patrie qui y avait des projets. J'y vais samedi et vous ferai rapport.


Il faut aussi conserver les arbres que nous avons: le patrimoine vivant est important. Qu'arrivera-t-il des arbres matures du jardin de la Maison Notman?





Pour être tenu au courant des activités, joignez le Facebook des Amis du Champ des Possibles





22 mai au Champ des Possibles





Le 22 mai est le 142e jour de l'année du calendrier grégorien, le 143e en cas d'année bissextile. Il reste 223 jours avant la fin de l'année.

C'est apparemment le jour du trèfle dans le calendrier républicain français. C'est le jour de naissance de Richard Wagner et de Arthur Conan Doyle, sans oublier Hergé et Laurence Olivier.

Merci Wiki...


Toutes sortes de choses se sont passées un 22 mai. Toutes sortes de naissance ont eu lieu...

Le 22 mai 2013 toutefois, c'est bien spécial. Je m'en vais dans une heure à la conférence de presse annonçant le changement de zonage permettant de protéger le Champ des Possibles.


Le 22 mai, Journée internationale de la biodiversité, créée par les Nations Unies. Et les Amis du Champ des Possibles!


Bravo à toute l'équipe! 

mardi 21 mai 2013

Des brèves




Réal Duval qui nous a fait découvrir le texte de Marie-Victorin sur les pins (ici) nous envoie justement une photo de l'Ancolie du Canada (Aquilegia canadensis, Red columbine) sur le mont Royal. Merci Réal!




On a démolit la station service au coin de la rue Saint-Denis et des Pins. Du coup je me rend compte qu'il y avait un Orme d'Amérique qui s'y cachait.



Parlant de l'Orme d'Amérique, les petits de l'orme dont je vous parlais ce matin (ici) ont aussi reçu l'inspecteur. Ces feuilles sont toutes de la même branche. Cet arbre est variable quant à sa forme d'ensemble. Il est aussi variable quant à la forme des feuilles!


L'Écureuil Tempête!




Arrivé sur les lieux afin d'inspecter un orme et ses rejetons sauvages autour du Carré Saint-Louis, le sol était couvert de bouts de branches… Il pleuvait des morceaux d'orme! C'est bien pratique je voulais justement des spécimens de samares afin de confirmer que c'était l'Orme d'Amérique. (oui)



Mais c'est plein d'échantillons partout! Ya eu tempête hier? Grand vent?



La tempête, c'est cet écureuil qui, plutôt que de manger confortablement les samares là-haut, préfèrent couper d'un coup de dent les branches qui tombent alors au sol. Curieux manège. On pouvait se douter que les écureuils mangeaient ces graines mais la méthode étonne quand même un peu.

Ça me semble excessif! Ça vous rappelle les millions de requins tués seulement pour les ailes?



Surtout qu'au sol ce sont les pigeons qui se régalent. Ils s'empiffrent de samares d'Orme! Ils profitent à coup sûr du travail acharné de L'Écureuil Tempête. Une bien curieuse équipe.



Résultat: l'orme est sérieusement défeuillé! L'écureuil est à l'évidence un être perturbé et obsessif. Le pigeon compense sans doute une névrose insoupçonnée par la boulimie. 

C'est beau la nature!


lundi 20 mai 2013

Fermeture au Jardin Botanique de Montréal




Comme je vous le disais il y a quelques jours (ici) je suis allé au Jardin Botanique de Montréal. Faire quelques photos et observer des spécimens d'arbres afin de comparer mes notes sur certaines espèces. 

Un Jardin Botanique ça sert aussi à ça... 




Pas de chance bien des sections étaient fermées pour les travaux pharaonesques des Mosaicultures Interplanétaires de 2013© .

 


Bon, c'est pas tout néfaste ces affaires-là. Et on comprend que l'on barricade les sections où ça travaille fort... On sera donc patient comme une hirondelle. Ou plutôt on aurait été patient s'il n'y avait pas de plus une fermeture annoncée des lieux. Ça c'est une autre histoire!

Oui, faire payer encore plus ceux qui payent déjà c'est une fermeture...




Un couple était assis devant cette clôture, estomaqué de ne pouvoir faire leur tournée quotidienne... Ce sont des voisins du Jardin. Ils sont mêmes des Amis du Jardin Botanique. Et pas plus que moi ils sont contents.

Ils devront payer encore plus à cause de ces Mauvasaicultures! Et c'est drôle... comme moi ça ne les intéresse pas! Pas du tout...



Sentez-moi le parfum de ces fleurs! Allez faites un effort...


Un jardin c'est toujours mieux quand c'est ouvert. Et ce qu'on y fait: marcher, rêver, observer les oiseaux ou les fleurs ou les arbres... apprendre et découvrir, c'est pas de vos affaires!


Il n'y a pas d'utilisateurs de second ordre au Jardin Botanique. Les gens qui ont payé soit la carte Accès Montréal ou qui sont Amis ont droit au plein accès auquel ils s'attendaient. Sans frais supplémentaires...


Ils viennent ici depuis assez longtemps pour mériter le respect!


Si vous ne l'avez fait, signez, comme l'hirondelle, la pétition qui avance bien: 

Maintien de l'accès aux jardins extérieurs du jardin Botanique Montréal




samedi 18 mai 2013

Ptéléologie: Orme lisse (Ulmus laevis) à Montréal



 L'Orme lisse du parc La Fontaine

L'observation attentive des arbres apportent bien des surprises. Dans le cas de l'étude des Ormes (la ptéléologie) le plaisir est d'autant plus grand que ces arbres ne révèlent leur identité qu'avec bien du temps. Nous n'avons que trois espèces indigènes dans la région. Mais en milieu urbain on plante de tout et la documentation semble aussi mince que la plantation est ancienne. On trouve tant d'espèces (et d'hybrides) si similaires! Il faut se creuser la tête et être patient. Justement voilà qu'autour du bassin sud du parc La Fontaine on trouve trois ormes. Je les ai à l'oeil...

On ne s'attend certainement pas à faire des découvertes de ce côté! Au parc La Fontaine! Prenons ce premier des trois Ormes au parc. Je vous en ai parlé déjà:  

Encore au Parc La Fontaine
 
Cet arbre n'appartient pas à aucune de nos trois espèces indigènes. Alors, qu'est-ce que c'est? De quelle espèce s'agit-il? 


Sur l'inventaire des arbres publics de Montréal récemment rendu disponible en ligne*, on le dit Ulmus 'Homestead'** et le dossier serait clos. Mais l'arbre de ce nom n'a été produit par croisement que dans les années '70 et disponible dans les années '80!

C'est à l'évidence autre chose! 


 
À gauche les samares de l'Orme lisse et à droite celles de L'Orme d'Amérique.



Chez cet arbre tout est étrange et différent, son écorce floconneuse d'abord. Sa faible dimension ensuite: l'arbre est visible sur une photo aérienne de 1947 mais il a probablement été planté alors que le parc était tout neuf, au tournant du début du 20e siècle, vers 1915 selon l'état actuel de mes recherches. L'arbre serait centenaire mais il n'est pas très grand. Il est surtout méconnu!

Il ne peux s'agir que de l'Orme lisse (Ulmus laevis, European White Elm) un arbre Européen. Comme, entre autre, le nom commun anglais le suggère, il ressemble à l'Orme d'Amérique, souvent appelé Orme blanc (American white elm). Ces deux espèces  partagent des samares au contour cilié. La forme plus ronde de celles de l'Orme lisse les distingue de la forme en poire de l'Orme d'Amérique. C'est donc une nouvelle espèce que l'on trouve dans ce grand parc…

Ce premier orme du parc La Fontaine diffère de nos ormes indigènes par le port et l'écorce, les branches, les
feuilles plus petites et les bourgeons et, finalement, par les samares. Comme je l'ai souvent indiqué, pour les ormes la clé demeure essentiellement les détails que l'on trouve sur ces "graines". 


D'où ma chasse aux samares depuis quelques semaines! Et ça porte fruit...


S'agissant souvent d'arbres centenaires plantés dans les grands parcs de l'époque il ne fait pas de doute que le choix des "essences" avait une importance culturelle. Le temps aura fait que l'on oublie la présence (et l'identité) de ces arbres à Montréal. Même au coeur d'un de ses parcs les plus connus! Si l'on veut parler du patrimoine des arbres de la forêt urbaine et de sa protection il faudrait peut-être aussi parler de sa plus grande valorisation. Et pour commencer, un effort doit être fait pour bien les identifier!

Des arbres oubliés… et il y en a un peu partout. Charles L'Heureux et moi en avons trouvé une belle série… on y reviendra. Ici et dans un livre évidemment!





**U. 'Homestead' est un hybride (fait par l'USDA) entre U. pumila et l'hybride complexe hollandais (U. x hollandica 'Vegeta' x U. carpinifolia) x ( U. pumila pinnato-ramosa x U. carpinifolia 'Hoershoiimiensis') ou l'hybride suivant [U. pumila x (U. hollandica 'Vegetata' x U. minor) x (U. pumila 'Pinnatoramosa' x U. minor 'Hoersholmiensis')]. Bienvenue dans le casse-tête de la ptéléologie!




vendredi 17 mai 2013

Espace pour les riches?



Espace pour la vie des riches


Je n'invite pas souvent à signer une pétition. Mais celle-là je vous le demande expressément! L'accès aux Jardins extérieurs du Jardin Botanique de Montréal sera dorénavant payant pour les montréalais. Les fondateurs Marie-Victorin et Henry Teuscher se tourneront dans leur plate-bandes! Moi, je rage!





Payant, même pour les détenteurs de la carte Accès Montréal. Je suis allé la chercher hier justement... pour avoir l'accès au Jardin... C'était prévu avant que je n’apprenne cette nouvelle. Mais pourquoi donc ce sera payant maintenant?


Le Grandissime événement Mosaïcultures Internationales Montréal 2013© (une espèce de Grand Prix Formule 1, mais vert... comme les billets de banque d'antan) monopolisera tout l'espace et tassera tout le monde. Sauf les riches...


Le thème de l'édition de 2000 était: La planète est une mosaïque. On aurait aimé qu'on se le rappelle en 2013: la biodiversité (et l'horticulture) c'est bien. Mais n'oublions pas la diversité des humains... Les pas riches*...


C'est pas parce que c'est vert que c'est bien... Cela constitue à toute fin utile la continuation de la privatisation/gentrification du Jardin Botanique et des autres espaces verts. Quel pénible manque de jugement des administrateurs du Jardin Botanique de Montréal.


C'est dans la poursuite logique du déplorable branding gentrificateur "Espace pour la vie", amalgame insignifiant digne d'une chaîne de pharmacie parfumée.



Tiré de la page de la pétition:


Quelle sera cette relation à la verdure, nature ? Les administrateurs semblent avoir oublié cette mission sociale, ne pas considérer que pour plusieurs familles ne pouvant s’expatrier en voyage ou à la campagne, cet oasis est un des seuls lieu calme qui demeure dans la ville. En effet, plusieurs autres espaces verts (parc Jean Drapeau, de plus en plus le parc Maisonneuve..) sont de plus en plus monopolisés par des événements grands publics ou payants. 

Nous pouvons aussi élargir le débat et placer celui-ci dans le cadre de saines habitudes de vie. Le jardin botanique est un lieu magnifique et les Montréalais sont nombreux à fréquenter ses jardins extérieurs en semaine pour décompresser du travail, qui y marchent ou y joggent souvent plusieurs fois par semaine pour garder la forme. Tout cela aussi contribue à la qualité de vie.

Il est aberrant que les jardins extérieurs du jardin botanique ne profitent maintenant qu’à ceux qui ont de l’argent !

Il faut maintenir l’accessibilité des jardins extérieurs gratuits !



*déclaration d'intérêt: je suis un de ces pas riches... Même si ça ne me touchait pas j'aurais écrit ce billet...



jeudi 16 mai 2013

Dans une blessure de la pierre




 Photo: Réal Duval
 
Le mont Royal n'est plus ce qu'il était, ni ce qu'il pourrait être. En plein coeur d'une métropole nord-américaine, il n'a pas toujours eu l'attention qu'il méritait. Il n'a pas reçu ni les soins nécessaires ni le plus élémentaire respect. Imaginez un peu: couper une montagne en deux pour faire un grand et rapide boulevard à bagnoles! Certains visionnaires souffraient d'une sérieuse myopie…

Quoiqu'il en soit, bien des lieux de notre montagne nous réservent encore des surprises et des occasions de témoigner de la nature.

Réal Duval m'a envoyé ces photos d'Érables à épis (Acer spicatum, Mountain maple) qui se sont établis dans une pierre fendue.


  Photo: Réal Duval

Des samares bien minces ont trouvé une faille qui n'est qu'un fil saltimbanque...

Le plus intéressant c'est que Réal m'envoie ces photos accompagnées du texte de Marie-Victorin: La Vie du Pin, publié en 1934.


"Écoutez! Sur le flanc de la Laurentide sauvage, fortement raciné dans une blessure de la pierre…"

 
Puis Marie-Victorin nous raconte l'histoire naturelle de dix jeunes pins sur une corniche de granite. Ça de passe parmi l'ancolie écarlate, les saxifrages et au travers un tapis de lichen, sans oublier "la famille menue des souris des bois aux yeux doux".


Allez y lire le texte au complet: La Vie du Pin


Merci Réal!


lundi 13 mai 2013

Euaresta bella au Champ des Possibles



Photos: Luc Durocher


On aime pas les mouches! On ne s'y intéresse même pas. C'est laid, sale et bon à être écrasé! C'est un sacré jugement pour un Ordre d'insectes qui comptent 150,000 espèces.

Pourtant! Un des plus beaux et fascinants exemples est celui de Euaresta bella, une minuscule mouche à fruit de la famille Tephritidae.

Après mille pirouettes, une danse de séduction du mâle, un échange de nourriture et s'être accouplée sur la plante la femelle de cette petite mouche pond ses oeufs dans les graines de l'herbe à poux (Ambrosia artemisiifolia). La larve passe ensuite l'hiver dans les graines (elle s'en nourrit en fait) et émerge au printemps. Cette mouche est donc un contrôle naturel de la très mauvaise herbe et je crois bien que la Santé Publique devrait lui reconnaître ce rôle bénéfique!


J'ai déjà parlé de cette mouche dans ce billet:  Tous au Champ des Possibles!



Jaseur des cèdres (Bombycilla cedrorum) et Paruline bleue (Setophaga caerulescens)


Les photos de la mouche et celles de ces oiseaux ci-haut sont de Luc Durocher (que je remercie et salue), photographe attentionné avec de nombreuses galeries en ligne:


Voyez ici les autres photos de Luc Durocher au Champ des Possibles

Et ne manquez pas les photos ici des autres lieux sur l'île de Montréal
 
Et ses autres sites: Atpic et Oiseaux Net



samedi 11 mai 2013

Orme d'Amérique, mort ou vif





C'est la tournée des Ormes et la chasse aux samares. Ce sauvageon photographié en octobre l'an passé est bien un Orme d'Amérique. Samares vues.


 


Voici ce qu'il a l'air maintenant et s'il portait bien des samares il révèle aussi un état de santé déplorable. Bien des branches étaient nues et ne portaient ni samare ni bourgeon végétatif qui produiraient les feuilles. Il n'en a plus pour longtemps en toute évidence...





À un coin de rue (nous sommes sur la rue Rachel à Montréal) deux Ormes d'Amérique devant cette édifice de pierre grise. On voit bien le premier au centre de l'image et le deuxième, invisible sur la photo, se trouve sur le côté opposé, tout contre l'immeuble.


 


Ci-haut les samares de ce deuxième orme, en tout point identiques à celles du premier et du sauvageon. Ce dernier est assurément un rejeton de ces arbres plus vieux.


La fin de semaine sera donc consacrée à la chasse aux samares afin de déterminer l'identité de nombreux ormes dans mon quartier et ailleurs. Je vous ferai rapport.


Bon weekend!